Nous raisonnons parfois comme si Dieu devait nous sauver – comme si c’était une obligation de sa part. Bien sûr, nous disons croire à la grâce. Si quelqu’un nous demande comment nous avons été sauvés, nous répondrons que c’est par la grâce, par le moyen de la foi, et que cela ne vient pas de nous, c’est un don de Dieu (cf. Éphésiens 2.8). Mais au fond de nous, nous sommes quand même tentés de croire que si Dieu ne nous avait pas sauvé, il n’aurait pas été juste.
Pourquoi des innocents ne sont pas sauvés ?
C’est une réalité : pas tout le monde croit en Jésus. Et la Bible est claire, en dehors de Jésus, il n’y a aucun moyen d’être sauvé (Actes 4.12 ; Jean 14.6). Cela implique donc la triste conséquence qu’un grand nombre de personnes ne connaîtront pas la présence bienheureuse de Dieu pour l’éternité – mais plutôt sa sainte colère, également pour l’éternité. Nos esprits peuvent s’indigner en pensant à cette réalité – et on peut penser au fond de nous que ce n’est pas juste : « pourquoi tous ces innocents ne seraient-ils pas sauvés ? » [note] Si nous ne devons pas pointer Dieu du doigt à cause de la réalité de l’enfer, mais plutôt nos propres cœurs mauvais, il est cependant juste d’être profondément attristé pour tous ceux qui nous entourent et qui s’y dirigent. Cette réalité devrait nous pousser à ressentir un fardeau pour eux, et à leur parler activement du seul message qui sauve.[/note]
Personne n’est innocent devant Dieu…
Le problème est qu’il n’y a pas d’innocent. Tous sont coupables – c’est ce que montre en particulier la lettre aux Romains :
« La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui par leur injustice tiennent la vérité prisonnière, car ce qu'on peut connaître de Dieu est évident pour eux, puisque Dieu le leur a fait connaître. » - Romains 1.18-19
Dans la suite des versets, l’apôtre Paul montre que chaque être humain, peu importe où il habite sur terre, est coupable d’avoir rejeté Dieu, qui s’est pourtant révélé dans sa création. L’apôtre Paul dira même qu’« il n'y a pas de juste, pas même un seul » (Romains 3.10), et que « tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu » (Romains 3.23).
Le péché est un problème universel, qui concerne tous les êtres humains. C’est une offense grave à la sainteté de Dieu, qui appelle un jugement de sa part. Ce jugement n’est pas une réaction exagérée ou tyrannique, mais c’est une condamnation totalement juste, que nous avons entièrement méritée.
Nous ne méritons pas d’être sauvés, mais condamnés
C’est pour cela que chaque être humain sur terre, en raison de son cœur mauvais, ne mérite pas d’être sauvé, mais condamné. C’est une réalité que nous devons saisir, et qui nous humilie totalement. Nous ne méritons pas le salut. Dieu aurait été totalement juste de ne pas nous sauver. Et pourtant… il l’a fait.
Il ne l’a pas fait en raison d’un mérite en nous. Il ne l’a pas fait pour notre gloire. Il ne l’a pas fait parce qu’il avait un manque de compagnie. Il ne l’a pas fait parce qu’il avait besoin de prouver son amour à quelqu’un. Il ne l’a pas fait, contrairement à ce que dit ce chant, parce qu’il n’a « pas voulu les cieux sans nous »[note]Je fais référence au chant Ce nom si merveilleux de Hillsong. Au-delà de cette phrase qui me met mal à l’aise (pour les raisons mentionnées dans l’article), je trouve ce chant très beau.[/note]. Non, Dieu aurait très bien pu continuer à vivre pour l’éternité à venir comme il l’a fait dans l’éternité passée : sans nous. Mais s’il nous a sauvé, c’est pour manifester sa gloire – la grandeur de sa grâce (cf. Éphésiens 1.6, 1.12, 1.14).
Le choix souverain de Dieu est une pure grâce
Je crois que la Bible présente la réalité d’un Dieu souverain, y compris en ce qui concerne le salut. Alors que tous méritaient d’être condamnés, Dieu, dans sa grâce, et avant la fondation du monde, a choisi de sauver un peuple pour lui-même (Éphésiens 1.4 ; 2 Timothée 1.9 ; Actes 13.48). Si donc je suis sauvé aujourd’hui, c’est parce que Dieu, de toute éternité, a choisi de me sauver. Et en raison de ce choix souverain, alors que j’étais mort dans mes péchés et incapable de venir à Jésus par moi-même (Éphésiens 2.1 ; Jean 6.65 ; Romains 8.7), Dieu, au moment voulu, m’a appelé à lui, en me donnant la foi et la repentance (Éphésiens 2.8 ; Actes 11.18 : la repentance est un don de Dieu). Quelle grâce !
Nous ne devrions donc pas nous étonner que des êtres humains soient condamnés en raison de leur péché – ce n’est pas immérité, personne n’est innocent. Nous devrions plutôt être étonnés que certains soient sauvés – ça, c’est immérité !
Si donc je suis chrétien aujourd’hui, c’est en raison d’un choix personnel, inconditionnel et immérité de Dieu. C’est une bonne nouvelle, non seulement pour l’évangélisation, mais également pour toute ma vie chrétienne. Cela met encore plus en avant la grâce merveilleuse du Dieu que je peux appeler « Père » !
--Pour aller plus loin sur le thème de la souveraineté de Dieu dans le salut, voici deux petits livres rapides à lire et très utiles: Les cinq points du calvinisme (John Piper), L'évangélisation et la souveraineté de Dieu (James Packer).