Il y a une vérité à laquelle je suis particulièrement attaché. Premièrement parce qu’elle m’a conduit à la foi au Christ et deuxièmement parce qu’elle a failli m’être volée par une période de doute dans ma vie. Cette vérité porte un nom barbare en théologie : la propitiation.
La première fois qu’elle est venue frapper mon esprit, ce n’était pas sous ce nom. C’était sous la forme d’un message donné par Paul Washer (un prédicateur américain).
Dans ce message, pour nous faire comprendre la situation de l’homme perdu, Washer dit que nous sommes comme un village au pied d’un grand barrage d’eau. Un jour, alors que vous contemplez le barrage, vous entendez un horrible craquement, puis vous voyez avec terreur des masses d’eau s’échapper à toute vitesse vers vous, votre maison et votre village. Vous vous savez perdu, vous allez être englouti par ces flots. Mais au dernier moment, la terre elle-même s’ouvre et avale les eaux, si bien qu’aucune goutte ne vous touche.
Cette image illustre la façon dont la colère de Dieu devait s’abattre sur nous et s’est finalement abattue sur le Fils. Cette vérité est appelée propitiation, car par l’œuvre du Christ, Dieu nous est rendu « propice », c’est-à-dire favorable. Désormais, l’amour de Dieu, pour parler ainsi, n’est plus entravé par sa colère puisque le Christ, par amour, a absorbé la juste colère que Dieu avait envers nous. La plus pure sainteté et le plus profond amour se rencontrent à la croix, de laquelle Christ sort triomphant par sa résurrection.
Le Fils a apaisé le Père et le Père nous est rendu propice. Comprenons bien que Dieu est bien plus grand que nous et que quand nous parlons de « colère » nous ne devons pas imaginer un Dieu capricieux. Il s’agit plutôt d’un Dieu pur et saint qui déteste profondément tout ce qui n’est pas pur, ni saint, ni amour. Oui, c’est un problème puisque nous ne sommes ni saints, ni purs, ni amour. Dieu, dans sa sagesse, a décidé que c’est par le Fils que l’amour et la colère serait manifestée en un même acte.
Parfois, nous pensons que si Dieu a dû payer un si grand prix, c’est que nous le valions bien. J’avais une telle valeur, pense-t-on, que Dieu a dû donner son Fils pour moi... Penser ainsi est un blasphème. Oui, nous comptons pour Dieu, mais uniquement dans sa grâce. Si le Fils a dû mourir, ce n’est pas en raison de notre grandeur mais en raison de la grandeur de notre péché. Et si le péché de l’homme est si grand, ce n’est pas parce que l’homme est grand mais parce que Celui que nous offensons est infini. Voilà pourquoi nous méritons une peine infinie, voilà pourquoi Celui qui s’est offert devait être infini.
Cette vérité doit être précieuse pour le chrétien. Parce qu’elle est le fondement de son salut. Parce que cela signifie aussi que Dieu n’est plus en colère contre nous aujourd’hui. Si nous sommes à Christ, nous sommes enfants de Dieu, et les corrections que Dieu nous inflige ne sont pas celles d’un Juge en colère. Ce sont celles d’un Père qui veut notre bien.
Gardons cette vérité précieusement. Elle est constamment attaquée. Serrons-la dans nos cœurs et méditons dessus. Elle sera notre force face au péché qui a tant irrité Dieu, elle sera notre motivation pour aimer ce Dieu qui nous a tant aimé. Qu’elle soit aussi dans nos esprits quand nous prions : le Dieu auquel nous nous adressons est saint au point de devoir nous anéantir dans la souffrance, mais nous n’avons pas cette crainte à avoir. Parce que la croix, la propitiation, a transformé ce trône de terreur en trône de grâce.