L'amour fraternel et ses implications concrètes (6/7)

L’AMOUR FRATERNEL ET SES IMPLICATIONS CONCRÈTES

Après avoir pris connaissance de tous ces éléments, tu te demandes sûrement comment faire concrètement pour aimer tes frères et sœurs. Qu’est-ce que cela implique en matière d’actions quotidiennes ? Est-ce que l’amour n’est qu’une « déclaration d’intention » ? Par amour pour mon frère, dois-je lui cacher certaines vérités ? Est-ce grave si parfois j’ai l’impression de devoir « supporter » mon frère ? Puis-je aimer sérieusement mes frères et sœurs sans jamais les voir ? Voici une liste d’actions concrètes pour tenter de répondre à ces questions (la liste n’est pas exhaustive). Pour chaque point, je proposerai soit une citation parlante soit un cas pratique ou bien des exemples concrets. Toutefois, ces illustrations ne sont pas parfaites et je t’invite vraiment à méditer le verset biblique correspondant (ainsi que ceux présents en note de bas de page).

 

- aimer tes frères implique en premier lieu que tu aimes Dieu, lui obéisses et cherches à lui ressembler[1] : « Par ceci nous savons que nous aimons les enfants de Dieu, c’est quand nous aimons Dieu et que nous gardons ses commandements » (1 Jean 5.2)[2]

« Quand nous aimons Dieu, quand nos cœurs sont tournés vers lui et son cœur, alors nous avons son amour pour les gens qui nous entourent. C’est alors que nous aimerons comme Jésus l’a dit, tout comme il nous aime, nous nous aimerons les uns les autres. »[3]

- aimer tes frères implique que tu le montres par la réalisation d’actions concrètes (secours financier, social et spirituel, hospitalité, …) : « Par ceci nous avons connu l’amour, c’est que lui a laissé sa vie pour nous ; et nous, nous devons laisser nos vies pour les frères. Mais celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? Enfants, n’aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité. » (1 Jean 3.16-18)[4]

Cas pratique : nous sommes samedi matin et dehors il fait un temps splendide. Tu reçois un texto de ta meilleure amie qui te propose d’aller te promener près d’un lac. Le rêve ! Mais tu sais qu’il y a cette jeune sœur de l’Église qui vient de rompre ses fiançailles et qui a besoin de se confier. Alors plutôt que de simplement lui envoyer un texto, tu décides d’aller passer ta journée avec elle et de faire une croix sur cette balade qui te faisait tant envie. Voilà l’amour vécu en action.

- aimer tes frères implique que tu aies le désir de t’entraider pour grandir dans la foi (et pas l’inverse) voire de ramener un frère d’une mauvaise voie : « Mais exhortez-vous l’un l’autre chaque jour, aussi longtemps qu’il est dit : « Aujourd’hui », afin qu’aucun d’entre vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. » Hébreux 3.12[5]

Exemples concrets : lire régulièrement la Bible avec ce frère nouvellement converti, aider cette sœur à lutter contre un péché, encourager ton frère sur le point de chuter à rester pur pour son mariage, …

- aimer tes frères implique que tu aies un vrai intérêt, une réelle compassion pour eux : « […] Mais Dieu a composé le corps en donnant un plus grand honneur à ce qui en manquait, afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un égal soin les uns des autres. » (1 Corinthiens 12.24-25)[6]

« Dire : « cher frère, chère sœur » n’est pas difficile, mais que faisons-nous pour leur prouver qu’ils nous sont chers ? Commençons donc par passer en revue dans la prière tous les membres de notre Église. »[7]

- aimer tes frères implique que tu sois humble et te réjouisses de leurs réussites : « Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, et pleurez avec ceux qui pleurent ; ayant, les uns envers les autres, un même sentiment ; ne pensant pas aux choses élevées, mais vous associant aux humbles. Ne soyez pas sages à vos propres yeux ; » (Romains 12.15-16)[8]

Cas pratique : un dimanche juste après le culte, tu retrouves ton groupe d’amis. L’un d’eux est fier d’annoncer qu’il a réussi son concours d’entrée à une grande école d’ingénieur. Toi tu galères à essayer de passer ton bac pour la 2ème fois… mais après un moment de réflexion tu décides de mettre tes soucis de côté et tu félicites ton ami en partageant sincèrement sa joie. Bel exemple d’un amour qui s’oublie pour se réjouir de la réussite de son frère !

- aimer tes frères implique que tu saches leur demander pardon et accorder ton pardon (ce qui exclut aussi toute idée de vengeance) : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi [faites] de même. » (Colossiens 3.12-13)[9]

Exemples concrets : aller voir ce frère à qui tu as mal parlé pour t’excuser, écrire une lettre d’excuse à cette sœur que tu as blessée, montrer concrètement de l’affection à ce frère ou à cette sœur à qui tu as pardonné, rendre le bien pour le mal, …

- aimer tes frères implique que tu le leur dises et plus largement que tu communiques avec eux : « Car je vous ai écrit dans une grande affliction et avec serrement de cœur, avec beaucoup de larmes, non afin que vous fussiez attristés, mais afin que vous connussiez l’amour que j’ai si abondamment pour vous. » (2 Corinthiens 2.4)[10] ;

« Parfois, l’affection fraternelle diminue seulement parce qu’elle ne s’exprime pas, et l’Ennemi qui nous guette se réjouit de voir s’éteindre cette affection. […] C’est en écartant les bûches d’un feu qu’on arrive à l’éteindre, alors qu’en les resserrant on entretient la flamme. » d’après E.J. Thomas

- aimer tes frères implique que tu bannisses les ragots et autres médisances : « Et la langue est un feu. La langue, un monde d’iniquité, est établie parmi nos membres ; c’est elle qui souille tout le corps, et enflamme tout le cours de la nature, et est enflammée par la géhenne […] la langue, aucun des hommes ne peut la dompter : c’est un mal désordonné, plein d’un venin mortel. » (Jacques 3.6-8)[11]

Cas pratique : tu viens d’apprendre par le biais d’une personne un peu trop bavarde qu’un couple bien connu de l’Église connait de sérieuses difficultés. Tu meurs d’envie d’aller raconter ça à Mélissa, ta meilleure amie de l’Église. Mais tu penses à la peine que cela ferait à ce couple si leurs difficultés étaient racontées à tout le monde. Tu décides de prier pour eux dans le secret plutôt que de colporter la rumeur…

- aimer tes frères implique que tu cherches à les voir autant que possible : « Ayant beaucoup de choses à vous écrire, je n’ai pas voulu le faire avec du papier et de l’encre, mais j’espère aller vers vous et vous parler bouche à bouche, afin que notre joie soit accomplie. » (2 Jean 12)[12]

Exemples concrets : privilégier autant que possible le culte en présentiel plutôt que Zoom, sortir de chez toi pour participer à une activité d’église plutôt que de regarder une série, rester discuter un peu plus longtemps après le culte, faire un petit détour sur un trajet pour aller saluer une sœur âgée qui vit seule, …

- aimer tes frères implique que tu leur fasses confiance : « Je me réjouis de ce qu’en toutes choses j’ai de la confiance à votre égard. » (2 Corinthiens 7.16)[13]

« Lorsque, par la multiplication des liens humains, la confiance sera établie, celui qui passe par un moment de dépression ou de tentation trouvera aussi le courage de sonner à la porte d’un frère ou d’une sœur pour lui demander conseil et intercession pour l’avancement spirituel de tous les deux. »[14]

- aimer tes frères implique parfois que tu aies du « support » : « Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de l’appel dont vous avez été appelés, avec toute humilité et douceur, avec longanimité, vous supportant l’un l’autre dans l’amour » (Éphésiens 4.1-2)[15]

Cas pratique : il y a ce frère qui te parle de son jardin à chaque fois qu’il te voit, cette sœur âgée qui n’entend plus bien et qui te demande de répéter une phrase sur deux et puis ce frère qui est parfois maladroit voire cassant dans sa façon de parler : autant de cas pratiques où le support fraternel doit prendre le relais pour rester aimable et aimant.

- aimer tes frères implique que tu vives dans la vérité et la sainteté, personnellement et avec eux (et que la discipline d’Église soit vécue quand cela est nécessaire[16]) : « Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité, pour [que vous ayez] une affection fraternelle sans hypocrisie, aimez-vous l’un l’autre ardemment, d’un cœur pur » (1 Pierre 1.22)[17]

Exemples concrets : oser dire (avec tact et amour) à un frère de qui tu es proche que sa situation de concubinage est en contradiction avec ce que la Bible enseigne, ne pas faire passer la Bible au second plan pour ne pas se fâcher avec une sœur, confesser un péché dont on n’arrive pas à se défaire à un frère ou une sœur de confiance, savoir juger le mal quand cela est nécessaire (avec comme objectif la restauration de la personne concernée), …

 

 

[1] Comme évoqué précédemment, Dieu a un amour un amour qui se donne, consent au sacrifice, qui est constant et infaillible, plein de grâce et de miséricorde, un amour empreint d’humilité et qui ne néglige pas les faibles et les marginaux, un amour qui pardonne et aime en réponse à la haine et qui ne fait pas de compromis avec le mal et la justice, …

[2] À ce propos, voir aussi : Matthieu 22.36-40 ; Jean 21.15-17 ; Jean 15.9-12.

[3] David Platt, « Si vous vous aimez les uns les autres (Jean 13.34-35) », 2020.

[4] À ce propos, voir aussi : Matthieu 25.34-40 ; Jean 13.14 ; Actes 2.44-46 ; Actes 4.32-35 ; Actes 11.29-30 ; Romains 12.9-13 ; Romains 13.10 ; Romains 15.26-27 ; Romains 15.30-32 ; 2 Corinthiens 8.1-8 ; 2 Corinthiens 11.23-28 ; Galates 5.6 ; Galates 5.13-15 ; Éphésiens 6.21-22 ; Éphésiens 4.31-32 ; Jacques 1.27 ; Jacques 2.15-17 ; Philémon 18 ; Hébreux 6.10 ; Hébreux 13.2-3 ; 1 Pierre 4.8-10 ; 1 Jean 3.16-18 ; …

[5] À ce propos, voir aussi : Romains 14.13-16 ; Romains 14.19 ; Romains 15.2 ; Romains 15.14 ; 1 Corinthiens 8.13 ; 1 Corinthiens 14.12 ; 1 Corinthiens 14.1-4 ; 1 Corinthiens 14.26 ; 2 Corinthiens 12.14-15 ; Galates 6.1-5 ; 1 Thessaloniciens 5.11 ; Hébreux 3.12-13 ; Jacques 5.16 ; Jacques 5.19-20 ; Hébreux 10.23-25 ; Jude 20-23.

[6] À ce propos, voir aussi : Romains 12.15-17 ; Romains 15.1 ; Romains 15.30-32 ; 1 Corinthiens 10.24 ; 1 Corinthiens 11.33 ; 1 Corinthiens 12.23-25 ; 2 Corinthiens 1.3-7 ; Galates 6.2 ; Philippiens 2.1-7 ; 1 Thessaloniciens 4.18 ; 1 Thessaloniciens 5.14 ; Jacques 1.27 ; Jacques 5.16 ; 1 Pierre 3.8-9.

[7] Alfred Kuen, Les uns les autres, p.42

[8] À ce propose, voir aussi : Matthieu 20.25-28 ; Matthieu 23.5-12 ; Jean 13.3-17 ; Romains 12.9-10 ; 1 Corinthiens 12.12-27 ; 1 Corinthiens 13.4-7 ; Galates 5.26 ; Galates 6.1-5 ; Éphésiens 4.1-6 ; Éphésiens 5.18-21 ; Philippiens 2.1-7 ; Colossiens 3.12-14 ; Jacques 3.5 ; Jacques 4.11-12 ; 1 Pierre 3.8-9.

[9] À ce propos, voir aussi : 2 Corinthiens 2.6-8 ; Romains 12.15-17 ; 1 Corinthiens 6.7-8 ; 1 Corinthiens 13.4-7 ; Éphésiens 4.25-27 ; Éphésiens 4.31-32 ; 1 Thessaloniciens 5.15 ; 1 Pierre 3.8-9.

[10] À ce propos, voir aussi : 1 Corinthiens 16.24 ; 2 Corinthiens 6.11-13 ; 2 Corinthiens 7.3 ; Philippiens 4.1 ; 1 Thessaloniciens 3.9-12 ; 2 Jean 1 ; 3 Jean 1 ; …

[11] À ce propos, voir aussi : 1 Corinthiens 13.4-7 ; 2 Corinthiens 12.20-21 ; Éphésiens 4.31-32 ; Jacques 4.11 ; …

[12] À ce propos, voir aussi : Actes 1.13-14 ; Actes 2.1 ; Actes 2.46 ; Actes 3.1 ; Actes 5.12 ; Actes 14.1 ; Actes 20.7 ; Actes 21.17-19 ; Romains 1.9-10 ; Romains 15.30-33 ; 1 Corinthiens 14.26 ; 2 Corinthiens 8.16-17 ; Galates 2.19-20 ; Philippiens 2.23-29 ; Colossiens 4.7-15 ; 1 Thessaloniciens 3.9-12 ; 1 Thessaloniciens 2.17-20 ; 2 Timothée 1.2-5 ; 2 Timothée 4.9 ; Philémon 22 ; Hébreux 13.18-19 ; 2 Jean 12-13 ; 3 Jean 14-15.

[13] À ce propos, voir aussi : 1 Corinthiens 13.4-7 ; 2 Corinthiens 2.10-11 ; 2 Corinthiens 8.22.

[14] Alfred Kuen, ICHTHUS, n°5, juillet-août, 1970

[15] À ce propos, voir aussi : 1 Corinthiens 6.7-8 ; 1 Corinthiens 13.4-7 ; Éphésiens 4.31-32 ; Colossiens 3.12-14 ; Jacques 5.9.

[16] À ce propos, voir : Matthieu 18.15-17 ; 1 Corinthiens 5.11-13 ; Galates 1.6-9 ; 2 Thessaloniciens 3.6 ; 2 Thessaloniciens 3.14-16 ; 2 Timothée 2.22-23 ; 2 Timothée 3.1-5 ; Tite 3.10-11.

[17] À ce propos, voir aussi : Romains 12.9 ; 1 Corinthiens 13.4-7 ; 2 Corinthiens 6.4-7 ; 2 Corinthiens 7.2-12 ; 2 Corinthiens 7.14 ; Galates 2.11-14 ; Galates 3.1-3 ; Galates 4.9-11 ; Éphésiens 4.25-27 ; Philippiens 1.9-11 ; Colossiens 3.8-10 ; 1 Thessaloniciens 5.14 ; 1 Timothée 1.5 ; 2 Timothée 2.22 ; 1 Pierre 1.22 ; 2 Pierre 1.5-8 ; Hébreux 10.23-25 ; 1 Jean 1.7 ; 1 Jean 5.2-4 ; 2 Jean 1-4 ; 2 Jean 5-6 ; 3 Jean 1-4.

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