N'instagramme pas ta vie spirituelle

C’est peut-être évident pour nous tous, mais je pense que c’est bon de le répéter : nous vivons à l’ère du digital.

On s’envoie des émojis, on apprend grâce à des vidéos et on communique au travers d’images. Désormais, nous pouvons communiquer aussi bien avec quelqu’un qui vit au bout de notre rue qu’avec quelqu’un qui habite à l’autre bout du pays ; autrement dit, nous avons surmonté les limites de l’espace et supprimé les limites qu’il avait sur nous. Mais nous ne sommes pas juste des personnes vivant à l’ère du digital. Nous sommes des chrétiens qui vivent à l’ère du digital.

Et nous voulons que notre identité virtuelle reflète cela. On se demande donc : « si quelqu’un regardait seulement mon profil, est-ce qu’il se rendrait compte que je suis chrétien ? »

Alors on sature nos profils avec des posts spirituels. On publie des versets inspirants sur fond de coucher de soleil. On partage des photos de « café avec Jésus ». On tweet une phrase de notre méditation du jour ; on s’assure de faire une belle, longue prière remplie de notions théologiques lorsqu’on est en groupe. Et tout le monde pourra voir clairement à quel point on aime Jésus et combien on est de bons chrétiens.

Je ne dis pas que c’est mal de partager sur internet pour que d’autres puissent voir nos belles actions. C’est Jésus qui le dit.

« Gardez-vous de pratiquer votre justice devant les gens, pour être vus par eux, autrement vous n’aurez pas de récompense auprès de votre Père qui est dans les cieux. Quand donc tu fais un acte de compassion, ne sonne pas de la trompette devant toi, comme les hypocrites le font dans les synagogues et dans les rues, afin d’être glorifiés par les gens. Amen, je vous le dis, ils tiennent là leur récompense. » - Matthieu 6.1-2

Nous voulons que les autres voient le bien que nous faisons. Nous voulons qu’ils reconnaissent à quel point nous sommes zélés. Les applaudissements qui résonnent dans nos stades virtuels nous donnent des ailes. L’adrénaline que nous ressentons à chaque pouce en l’air et chaque cœur sous nos posts spirituels nous motive à lire (et à partager notre lecture) le jour suivant.

Et ce n’est pas mal en soi de poster une photo de sa Bible ou de partager quelque chose que vous avez appris sur Dieu ou qu’il vous a montré. Mais nous devons nous examiner nous-mêmes, sérieusement en détails, et discerner les raisons pour lesquelles nous postons (comme nous devrions le faire pour toute notre vie). Parce que si nous le faisons nos "pour être vus des gens" (Matthieu 23.5, NBS), alors il y a quelque chose qui ne va pas.

Je suis loin d’être parfaite sur ce point. Une fois, un dimanche matin, j’ai fait une randonnée pour atteindre le haut d’une (petite) montagne, pour passer du temps seule avec Dieu et ma Bible. Enfin, pas vraiment seule. Ce n’était pas seulement moi avec Dieu et ma Bible. C’était plutôt moi avec Dieu, ma Bible, et tous mes amis et le reste du monde que j’ai invité à envahir mon temps personnel avec Dieu. En fait, alors que je montais, je m’arrêtais régulièrement, pour prendre une photo du paysage. A chaque virage, je réfléchissais à quelle analogie, ou leçon je pourrais poster. Arrivée en haut, j’ai passé 15 minutes à essayer de positionner ma Bible pour prendre une photo où elle serait bien cadrée pour ressortir dans le décor.

Sur mon compte Instagram c’était génial. J’ai documenté ma matinée de repos, passée à admirer la création et à ressentir la présence de Dieu. Cette matinée paisible m’avait ressourcée et laissée plus concentrée et dans l’allégresse, n’est-ce pas ? En fait non.

Nous faisons toutes ces choses parce que nous voulons que les autres aient une plus haute estime de nous. Dans le monde, ça se manifeste par le désir d’être le plus stylé ou d’avoir la plus belle voiture ou le travail le mieux payé. Mais nous sommes des chrétiens, donc pour nous ces choses ne sont pas importantes, ou alors on devrait plutôt dire que nous avons « christianisé » nos désirs. Nous voulons les Bibles les plus belles, ou la mémoire des versets la plus performante, ou la plus longue liste de ministères menés en même temps. Nous voulons que les autres nous considèrent comme des supers spirituels. Nous aimerions que tout le monde voit et reconnaisse notre sagesse, notre maturité, notre spiritualité. Mais ces motivations sont à l’opposé de ce que Jésus veut.

Alors attention, je ne suis pas en train de dire que ces actions sont mauvaises. J’ai rencontré des personnes qui sont tellement enfouies dans les Écritures que des versets leur viennent en tête naturellement dans une discussion - et c’est une bonne chose. J’ai rencontré des personnes qui aiment tellement Jésus qu’elles prient longtemps car elles désirent juste continuer à lui parler - et c’est une bonne chose. J’ai rencontré des personnes qui partagent leur sagesse dans le seul but de bénir les autres, et qui postent la vérité sur les réseaux sociaux parce qu’elles en sont imprégnées et qu’elles ne peuvent pas s’empêcher de proclamer leur foi car c’est une effusion naturelle de ce qu’elle fait dans leur vie. C’est magnifique, puissant et réel.

Mais ce qui est terrible c’est que les gens qui ont de mauvaises motivations ne se comportent pas de manière différente, mais au contraire de façon extrêmement similaire. Il est difficile de remarquer la différence.

Jésus n'est jamais satisfait d’une contrefaçon, même la plus ressemblante.

Il nous demande de le servir, lui uniquement. Donc quand nous prions, faisons-le dans nos chambres (ou quelque part où nous sommes seuls), car là personne ne pourra nous applaudir. Quand nous donnons, que notre main gauche ne sache pas ce que notre main droite fait, car ainsi nous n’aurons pas le désir de poster des photos des enfants souriants que nous avons aidés pour notre propre gloire.Quand nous nous débarrassons de certaines choses, réjouissons-nous ; car alors nous ne pourrons pas poster et nous enorgueillir au sujet de notre spiritualité au monde entier. Car si nous le faisons, c’est de toute façon la seule récompense que nous pourrions recevoir.

Alors avant de poster, avant de partager, pensez. Est-ce que je fais ça pour partager l’amour et la gloire de Dieu ? Ou est-ce que je le fais pour gagner l’amour et la gloire pour moi ? L’important ce n’est pas de ne jamais partager ou de ne jamais poster (sinon ce serait bien ironique, car l’article que vous lisez c’est justement moi qui vous partage ce que Dieu m’a enseigné). Dieu lui-même nous dit de dire « parmi les nations sa gloire, [de] raconte[r] parmi tous les peuples ses actes étonnants ! » (Psaumes 96.3). Mais quand nous partageons pour recevoir les louanges des hommes, la seule récompense que nous recevrons c’est leurs faibles applaudissements. Et il désire nous donner tellement plus que ça.

Tout ce que nous pouvons récolter c’est des « j’aime », des partages et des tweets. Mais il peut nous donner la vie, la gloire et un manoir sur les rues ornées d’or. Alors ne pensons plus que nous devons poster notre amour pour Dieu sur Instagram pour gagner la faveur des hommes. Car la faveur de Dieu est tellement plus précieuse.

« ...et ton Père, qui voit, là, dans le secret, te le rendra.... » - Matthieu 6:18

--Article traduit avec autorisation. Merci à Séphora et Marie pour la traduction.

Auteur invité
et
Isabelle I.

Nous avons régulièrement des auteurs invités qui écrivent des articles pour le blog de la Réb'.

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