Ce danger nous guette en tant qu’Eglise mais aussi individuellement, surtout si nous avons une vie pas trop compliquée (un bon travail, une bonne santé, de bonnes relations,...) qui pourrait nous laisser penser que tout cela vient un petit peu de nous. Et c’est aussi le cas sur le plan spirituel : en ayant tous les codes de bonne conduite éthique, en étant bien investi dans l’église et en cochant toutes les cases du plan de lecture, on se dit qu’on est quand même pas si mal...
Le texte raconte la fin de l’histoire de Samson, le super-héros ambivalent et infidèle mais choisi, consacré et équipé par Dieu pour se substituer à Israël (qui a déjà capitulé) et combattre les ennemis de Dieu. Ce passage met en garde les Israélites contre le risque de minimiser, voire d’oublier, son besoin suprême de Dieu. Ce passage nous montre également à nous lecteurs du 21e siècle que c’est dans notre misère que nous sommes les plus sensibles à la grâce de Dieu.
Plus nous nous reposons sur nos lauriers, plus le danger est réel de chuter gravement mais rien ne fera jamais échouer le plan de Dieu !
Nous sommes orgueilleux (Juges 16.1-14)
Attention à notre orgueil : les bénédictions de Dieu peuvent vraiment nous monter à la tête. Après avoir été jugé en Israël pendant 20 ans, Samson dans notre texte se rend à Gaza, une ville philistine, où il couche avec une prostituée. Les Philistins cherchent à le capturer mais il s’échappe à minuit en fracturant et emportant la porte massive de la ville sur une montagne, montrant ainsi sa force surhumaine et ridiculisant les Philistins. Samson s'éprend ensuite de Dalila, une femme qui tente de découvrir le secret de sa force pour les Philistins. Samson, insouciant et arrogant, se moque d'elle lui donnant de fausses réponses. Malgré les bénédictions divines, Samson s’éloigne de sa mission, s’investit de moins en moins dans sa relation avec Dieu et utilise sa force pour ses plaisirs personnels : il devient arrogant et imprudent.
Israélites et lecteurs, attention à votre arrogance. Vous courez le risque de vous déconnecter de Dieu ! Quel privilège d’avoir une super église, de bons amis dans la foi, assez d’argent pour vivre, la santé, un travail, des compétences, accès à la Bible et des ressources chrétiennes ! Quel privilège d’être jeune, d’avoir de l’intelligence et du temps, d’être apprécié par les gens ! Ce sont plein de bénédictions divines mais qui peuvent nous rendre orgueilleux si nous commençons à nous trouver forts et nous servir nous-même plutôt que Dieu.
Dieu avait dit aux Israélites : « Quand l’Éternel, ton Dieu, te fera entrer dans le pays qu’il a juré à tes pères […] de te donner, avec de grandes et bonnes villes que tu n’as pas bâties, des maisons pleines de toutes sortes de biens et que tu n’as pas remplies, des citernes creusées que tu n’as pas creusées, des vignes et des oliviers que tu n’as pas plantés ; et lorsque tu mangeras et te rassasieras, garde-toi d’oublier l’Éternel… » (Deutéronome 6.10-12)
Nous sommes précaires (Juges 16.15-21)
Plus nous nous croyons forts, plus nous sommes vulnérables : nous sommes vraiment précaires... Dans notre texte, Dalila, après avoir été amusée et frustrée par Samson, change de stratégie et utilise le chantage émotionnel. Elle lui reproche de ne pas l'aimer et de ne pas lui faire confiance. Cette tactique atteint finalement Samson, qui lui révèle finalement le secret de sa force. Alors qu’il dort, Dalila lui rase ses tresses, le privant ainsi de sa force. À son réveil, sa force s'est retirée avec l'Esprit de l'Éternel. Les Philistins le capturent, lui crèvent les yeux, et l'emmènent à Gaza enchaîné et contraint de tourner la meule en prison. La chute humiliante de ce héros invincible montre les conséquences tragiques de son éloignement de Dieu. La chute très rapide de Samson nous fait mesurer son incroyable précarité. En se croyant fort, Samson est devenu insouciant et téméraire et il a perdu la bonne perspective sur lui-même, sur sa relation à Dieu et sur sa vocation. Il « vend » sa consécration en échange du silence de sa femme, celle-ci n’a donc de sens qu’en termes d’intérêt personnel. La perte de ses cheveux est emblématique de son infidélité à Dieu. L’Éternel se retire de lui lorsque Samson perd le dernier signe de sa consécration (qui entérine la distance qu’il y avait déjà entre lui et Dieu dans son cœur). Samson était fort parce que Dieu était avec lui (non pas parce qu’il était lui-même fort). Et c’est en se croyant fort qu’il s’est rendu extrêmement vulnérable (1 Corinthiens 10.12). Nous devons être vigilants et nous rappeler que même si nous arrivons à avoir une vie hyper bien ordonnée, ultra efficace, impressionnante sur tous les plans, nous sommes très précaires. Personne n’est plus fort que les autres (pas même les « Samsons » que nous connaissons tous autour de nous).
Nous sommes tous extrêmement précaires par nature : notre seule force et notre seule sécurité ne viennent que de Dieu.
Nous sommes impuissants (Juges 16.22-31)
Tout perdre n’est pas toujours mauvais : prendre la mesure de notre extrême faiblesse permet de mieux comprendre la grâce de Dieu. Dans notre passage, après avoir été capturé et humilié, Samson voit ses cheveux repousser, symbole de sa reconnexion avec Dieu. Il a retrouvé sa consécration divine. Les Philistins organisent une fête en l'honneur de leur dieu Dagôn pour la prétendue victoire accordée. Samson invoque l'Éternel et demande de retrouver sa force une dernière fois pour se venger des Philistins. Dieu exauce sa prière et Samson retrouvant sa force, fait s'effondrer l'édifice sur lui et les Philistins, tuant ainsi plus d'ennemis à sa mort que pendant toute sa vie.
À travers la défaite de Samson, Dieu triomphe des Philistins : il se plaît à intervenir dans la faiblesse la plus extrême de ses enfants.
Ce récit suscite une attente chez les Israélites : celle d’un 13e juge qui va assumer pleinement la vocation d’Israël, rejoindre son peuple jusque dans son humiliation et se laisser vaincre pour vaincre, un libérateur parfait qui va gagner en perdant... Jésus-Christ !
Applications
- Cultivons notre reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits dans la vie, car tout don, tout cadeau vient de notre Père (Jacques 1.17).
- Examinons notre cœur et repentons nous à la lumière de la justice de Dieu révélée dans la Parole : arrêtons de nous croire forts !
- Essayons d’embrasser notre impuissance, ne faisons pas semblant dans notre vie chrétienne : aucun espoir existe en dehors de Jésus-Christ !
D’après une série de prédications d’Alexandre SARRAN : https://www.egliselyongerland.org/blog/post/4598