Sigmund Freud déclarait, en bon psychanalyste athée : « Quand on commence à se poser des questions portant sur le sens de la vie et de la mort, on est malade, car tout ceci n’existe pas de façon objective ».
Non, quoi qu’il en dise, je ne pense pas avoir été « malade » quand j’ai posé ces questions à mon grand-père, mais Freud a raison sur le fait que le sens de la vie n’existe pas de façon objective si Dieu n’existe pas. Pourquoi ? Parce que c’est le créateur du jeu qui détermine le but du jeu. Pas de créateur, pas de but. C’était bien illustré dans ma pratique du volley.
Qui détermine le but du volley-ball ? C’est le créateur (ou l’organisme créateur) du sport, dont la décision fait autorité. Il décide qu’il faut faire tomber le ballon dans le camp adverse en le faisant passer au-dessus du filet. Cela devient alors objectivement le but du jeu pour les sportifs participants. Dès lors, si l’un d’entre eux n’est pas d’accord avec ce but fixé par le créateur, s’il préfère de manière excentrique jongler avec le ballon et l’envoyer dans le filet en dansant le tango, alors il a objectivement tort. Sa conception du volley n’est pas juste différente, elle est fausse. Mais retirez maintenant le créateur officiel du volley. Il ne nous reste alors que les volleyeurs en maillot sur le terrain, avec un ballon, un filet, mais aucun but objectif qui soit vraiment plus valable qu’un autre. Si deux joueurs ne sont alors pas d’accord sur le but à accomplir, l’un n’a pas plus raison que l’autre, puisqu’il n’y a plus d’avis privilégié du créateur qui fasse autorité. Chacun peut se fixer un but personnel, mais ce n’est pas le but du jeu. Et même si les deux équipes se mettaient d’accord, ce but partagé resterait subjectif, ça ne serait que le leur, puisqu’il ne serait pas plus vrai qu’un but contraire que d’autres équipes pourraient à leur tour choisir. Il en est de même pour le sens de la vie humaine sur le terrain de jeu qu’est cette planète. Si Dieu n’existe pas, les hommes courent chacun après leurs buts personnels, mais ces buts individuels ne sont pas le but de la vie. Au contraire, la vie n’a pas de sens objectif.
Luc Ferry explique que quand on recherche le « sens » d’une chose, on demande « qu’est-ce qu’elle veut dire ». Et cette volonté est propre à une personne, ce « vouloir dire » implique « l’intention d’un sujet, donc la présence sous-jacente d’une personne ».
Pour les croyants, Dieu le Créateur est cette « personne » à l’origine du sens de la vie. Quel est ce sens de la vie selon les chrétiens ? Il s’agit, d’une façon ou d’une autre, de « glorifier » Dieu. Et l’une des façons de le glorifier, c’est, bien évidemment, de l’aimer. La réponse chrétienne est clairement centrée sur Dieu, bien qu’elle implique naturellement et de manière égale, notre manière de traiter l’humanité. Jésus, je le mentionnais plus haut, reliait étroitement les deux dimensions, en prêchant : « Aime le Seigneur ton Dieu, et aime ton prochain comme toi-même ».
Luc Ferry en vient lui-même à affirmer que le sens de la vie est l’amour du prochain. Mais sans Dieu Créateur ayant un but, un dessein pour sa création, garantissant que la vie ait un sens objectif, pourquoi est-ce que le sens de la vie serait l’amour, et pas l’accumulation de richesses, ou l’obtention du pouvoir, ou la course à la gloire, ou à la sieste, ou encore tout autre chose ? Le choix est arbitraire et subjectif. Un homme n’est pas d’accord avec Luc Ferry? Son opinion vaut tout autant.
C’était donc tout mon dilemme: je cherchais le bonheur et le sens de la vie, tout en excluant son existence objective par mon rejet de Dieu. Que faire alors, après avoir atteint tous mes buts personnels sans avoir été tout à fait satisfait? Saint Augustin déclarait en prière à Dieu : « Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos jusqu’à ce qu’il repose en toi ». Par définition, ce repos du cœur m’était évidemment inaccessible. De la même manière, l’auteur du livre «Ecclésiaste», dans la Bible, affirmait que Dieu nous avait créés avec « l’éternité dans le cœur ». L’éternité était une autre condition nécessaire pour que la vie ait un sens, et elle aussi était exclue par ma conception du monde.
--Cet article est un extrait de La foi a ses raisons de Guillaume Bignon.
Guillaume est raisonnablement athée. Profondément athée. Son travail de consultant en informatique financière le comble. Sa pratique du volley-ball en national et le succès croissant de son groupe de musique l’aident considérablement dans ses conquêtes féminines. Mais sa rencontre en auto-stop avec un ex-mannequin aura un impact inattendu sur ses croyances.
Au fil de son témoignage, atypique et émouvant, Guillaume aborde les grandes questions philosophiques qui l’ont amené à croire en Dieu. Il n’esquive aucun sujet : la moralité, la relation entre foi et science, le surnaturel, le problème du mal, la fiabilité de la Bible.
Avec une rigueur intellectuelle exceptionnelle, une authenticité remarquable et un humour pétillant, il emmène le lecteur dans ses propres questionnements et ses surprenantes découvertes.
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