Comme le peuple d’Israël qui se préoccupait plus de leur vie en terre promise compliquée (militairement, économiquement, socialement) que de leur relation avec Dieu (cœur infidèle et orgueilleux, dangereux pour eux-mêmes). Notre passage raconte la fin de l’histoire de la bataille contre les Madianites et la fin de l’histoire de Gédéon. Malgré la délivrance de Dieu accordée aux Israélites, leur situation reste fragile de par leur cœur tortueux. Nous aussi, plusieurs siècles plus tard, on a toujours des problèmes mais le plus grave reste encore et toujours notre cœur tortueux ! Ne sous-estimons pas le problème de notre cœur, de négliger la véritable délivrance que Dieu nous présente !
Notre cœur égocentrique (Juges 8. 4-21)
Un cœur centré sur soi, préoccupé avant tout par ses propres intérêts
On a tendance par nature à regarder notre propre intérêt avant toute autre chose… et cela peut nous porter préjudice ! Notre texte raconte la poursuite des Madianites pour les chasser de la terre promise mais Gédéon et ses 300 hommes sont fatigués et demandent de la nourriture dans 2 villes habitées par des Israélites. Ils obtiennent 2 refus car la décision est jugée trop risquée et les habitants de ces 2 villes préfèrent adopter une position de neutralité. Mais en refusant d’aider Gédon, ces villes se retrouvent en réalité en position d’ennemis et elles sont donc châtiées. La situation est peu glorieuse : on a un conflit extérieur avec les oppresseurs et une guerre civile entre les Israélites car tous ne sont pas occupés par le projet de Dieu mais par leurs propres intérêts et deviennent en fin de compte ennemis de Dieu. Attention à notre cœur égocentrique qui a tendance par nature à regarder notre propre intérêt avant toute chose (notre intérêt personnel n’est pas forcément une mauvaise chose tant qu’il n’est pas plus important, au détriment du plus grand projet de Dieu).
Tim Keller disait : « Le péché consiste à fonder notre vie et notre raison d’être sur n’importe quelle chose, même très bonne, plus que sur Dieu ».
Prenons du recul, réalisons combien on est faillible, fragile, dangereux pour nous-mêmes et pour les autres de par notre cœur égocentrique.
Notre cœur idolâtre (Juges 8. 22-27)
Un cœur enclin à remplacer le vrai Dieu par autre chose
On a tendance à placer nos espoirs dans des choses ou des personnes qui finalement nous détournent de la vraie solution à nos problèmes.
Dans notre texte, Dieu avait dépouillé Gédéon de ses ressources pour que la gloire de la victoire lui revienne mais les Israélites veulent à présent servir Gédéon (et non Dieu) car ils reconnaissent en lui leur sauveur (v.22). Gédéon tente de corriger l’attitude des Israélites mais pèche finalement en fabriquant un éphod (v.27) avec l’or prélevé sur le butin, qui va devenir une idole (« un objet de prostitution », c’est-à-dire que les Israélites vont placer leur foi dans cet objet et non en Dieu). Au lieu de la reconnaissance envers leur Dieu sauveur, Israël porte immédiatement ses espoirs sur autre chose.
Jean Calvin disait : « Le cœur humain est une fabrique d’idoles ».
Notre inclinaison à remplacer le Dieu vrai, unique et vivant qui nous a créés, nous aime, nous nourrit, nous parle, nous sauve par autre chose dans notre vie est la conséquence logique de notre égocentrisme : les faux dieux qu’on se choisit, qu’on se fabrique vont servir nos intérêts personnels et semblent pouvoir nous procurer un avantage facilement et immédiatement (argent, politique, relation sentimentale). « J’ai tendu mes mains tout le jour vers un peuple rétif qui marche dans une voie mauvaise au gré de ses pensées. » (Es 65.2). Dieu nous présente la vraie solution à nos vrais problèmes — il le fait résolument, avec persévérance, avec insistance, dans sa grande miséricorde — tout le jour, il tend ses mains vers nous, mais nous, on ne reçoit pas son amour. Pourquoi ?
Notre cœur oublieux (Juges 8. 28-35)
Un cœur qui oublie vite ce que Dieu a dit et a fait
On a un besoin vital d’apprendre, de recevoir et de nous rappeler qui est Dieu et ce qu’il a fait pour nous sauver. Le texte nous présente la conclusion de l’histoire de Gédéon. À travers Gédéon, Dieu a accordé une délivrance vraiment significative aux Israélites (v.28). Gédéon a une heureuse vieillesse et meurt. Mais tout ne finit pas si bien... Les conflits internes et l'idolâtrie sévissent en Israël mais pas que : polygamie de Gédéon (70 enfants, dont Abimélek à l’origine de gros problèmes en Israël), culte de Baals (sacrifice d’enfants et fornication rituelle).
« Les Israélites ne se souvinrent pas de l’Éternel, leur Dieu, lui qui les avait délivrés… » (v. 34).
On a un véritable tournant dans le livre des Juges (« le pays fut tranquille pendant quarante ans durant la vie de Gédéon » v.28) : c’est la dernière fois que l’auteur fait mention de « pays tranquille » (3.11, 3.30, 3.31). La situation spirituelle d’Israël est ensuite une spirale descendante, elle se détériore progressivement. C’est un avertissement pour le peule d’Israël au cœur oublieux. Et pour nous aussi ! Le vrai Dieu est le Dieu de la Bible, de l'Ancien Testament et du Nouveau Testament, créateur de tout ce qui existe, qui gouverne souverainement tout l’univers et il conduit toute l’histoire selon son projet, vers un but qu’il a fixé lui-même, qui vise sa gloire et le bonheur éternel des croyants.
Applications
- Notre problème fondamental selon la Bible ? On a voulu vivre dans l’indépendance de Dieu et les conséquences sont dramatiques.
- La Bonne Nouvelle ? Dieu a pourvu à notre délivrance. Il s’est approché de nous par Jésus-Christ et a voulu assumer lui-même le coût de nos fautes et en nous donnant sa justice en s’offrant volontairement en sacrifice, en ressuscitant en vainqueur sur le mal et sur la mort.
- Pour maintenir cette lucidité sur nous-mêmes et notre reconnaissance à Dieu et sa grâce, on a désespérément besoin les uns des autres, on a besoin de l’encouragement fraternel, on a besoin de l’Église chaque dimanche (avec la liturgie, la prédication, les chants, les sacrements), on a besoin de groupes de maison et de groupes de croissance.
On est notre propre danger : on l’oublie ou on ne s’en rend pas compte (le vrai problème des Israélites, c’était eux-mêmes et pas les Médianites !). Le Gédéon ultime est Jésus-Christ qui seul peut nous libérer et qui garantit notre sécurité pour toujours, si notre foi est en lui !
D’après une série de prédications d’Alexandre SARRAN : https://www.egliselyongerland.org/blog/post/4473