Éveille-toi à Jésus

Le livre de Henry David Thoreau : Walden est peut-être une des plus belles odes pour une manière de vivre plus simple, plus lente.

Thoreau, épuisé par la vie en ville, a tout quitté et déménagé dans la nature sauvage pour profiter de la solitude et travailler de ses mains. Il est particulièrement éloquent lorsqu’il nous invite à être vraiment attentif à la nature. Après tout, « le goût esthétique est mieux cultivé à l’extérieur ». Par moments, il est un peu romantique mais ses plus beaux vers suscitent un désir pour une vie plus méditative.

Une citation tirée de Walden m’a hanté pendant des années : « Être éveillé c’est être en vie. Je n’ai jamais rencontré un homme qui soit tout à fait éveillé. Comment aurais-je pu le regarder en face ? Nous devons apprendre à nous réveiller et à nous maintenir éveillés ».

Qu’est ce que tu en penses ? Je suis tiraillé entre le prendre comme un défi ou comme une lamentation mais peut-être n’avons-nous pas à choisir. Thoreau désigne ce qu’expérimentent la plupart des gens de nos jours. Nous sommes pressés et à demi-éveillés. Il exprime la discrète intuition qui nous atteint dans nos rares moments de calme : « Je vis peut-être de manière distraite, peut-être que je ne suis pas vraiment vivant ».

De l’attention

Malheureusement, Thoreau ne peut offrir aucune solution décisive à notre situation. Thoreau n’avait jamais rencontré un homme éveillé car il n’avait jamais rencontré l’homme qui réveille les morts. Il n’a jamais été complètement vivant car il n’a jamais rencontré la Vie. Contrairement à lui, nous avons un visage plus beau encore que celui de la nature devant lequel nous pouvons nous émerveiller.

L’histoire de Marthe et Marie exprime parfaitement l’angoisse que nous ressentons et nous offre l’antidote que Thoreau ne peut donner. Tu la connais cette histoire (Luc 10.38-42) : Jésus vient à l’heure du dîner, Marthe travaille pour l’accueillir pendant que Marie l’écoute, assise à ses pieds. Marthe sert, Marie est assise. Marthe se frustre et demande à Jésus pourquoi il ne demande pas à Marie de l’aider dans le service, mais Jésus l’apaise et la corrige.

Nous voyons souvent cet épisode comme un contraste de personnalités. Soit tu est comme Marthe, pragmatique et tourné vers le travail, soit tu es comme Marie, savourant ce délicieux breuvage qu’est la contemplation. Cependant, le contraste ici n’est pas un contraste de personnalités mais de priorités. Le sujet est celui de l’attention. Qui détient la priorité de ton attention ? A quoi es-tu attentif ? Es-tu sensible à ce qui est important ?

Sur ce point nous sommes tous comme Marthe alors nous aurions besoin de ressembler davantage à Marie.

Distrait par ce qui est bien

Maintenant, peut-être que Marthe nous semble plus sympathique, n’est-ce pas ? Elle est occupée, Luc nous dit qu’elle est : « affairée aux multiples travaux que demande le service » (Luc 10.40). Mille choses distraient son attention. Il y a le pain à cuire, la table à mettre, les boissons à verser, le vin à mixer, la vaisselle à faire, les sols à balayer, une suite sans fin de tâches à exécuter.

Ce qui est remarquable avec le problème de Marthe est qu’elle est distraite de Jésus en servant Jésus. Dans un tourbillon de bonnes choses, son attention est déviée de la chose qui importe. Comme un de mes pasteurs nous le rappelait récemment, « La pression pousse toujours vers quelque chose d’autre que Jésus », même si cette autre chose est de servir Jésus. L’expérience de Marthe, être détourné du meilleur par le bien, nous la connaissons tous fort bien. Chaque repas, chaque assiette dans l’évier, chaque sieste manquée, chaque devoir d’école, chaque délai pour effectuer un travail, chaque réunion, chaque nouveau courriel, chaque nouveau sermon devient une voix de plus dans la cacophonie de nos distractions. Le ministère usurpe l’émerveillement. Le service éclipse la dégustation. Jésus nous invite à nous asseoir et à nous plonger dans ses paroles, mais nous refusons poliment : « Désolé Jésus. Je suis trop occupé à travailler pour toi ». En devenant des serviteurs efficaces nous devenons des disciples défaillants.

Combien parmi nous ne sont qu'à demi-vivant car seulement à demi-éveillés à Jésus ?

Ne te méprends pas, Jésus ne condamne pas le travail de Marthe. Il ne nous appelle pas à être des moines cloîtrés à l’écart, avec juste un journal et une Bible (aussi attrayant que cela puisse parfois paraître). Notre Seigneur aime le travail qui porte du fruit. « Va, et toi aussi, fais de même » (Luc 10.37). Mais Jésus confronte les priorités de Marthe (et les nôtres). Avant même de désirer mon travail, Jésus désire toute mon attention.

Mécontentement contagieux

De plus, mon problème d’attention ne reste jamais seulement mon problème, celui de Marthe ne l’est certainement pas resté. Sa distraction l’a conduite au mécontentement et celui-ci est contagieux. Son activité frénétique cherche à gagner Marie.

Imagine la scène, Marthe saute de tâche en tâche, soucieuse d’arriver à tout faire. Tellement à faire, si peu temps. Elle bout de frustration. Comment ma fainéante de sœur peut rester assise là inactive ? Comme elle vérifie le four pour la dixième fois en autant de minutes, sa température monte. Elle s’enflamme alors qu’elle malaxe le pain. Elle est si égoïste ! Finalement, quand elle brise un plat dans sa précipitation, c’est la goutte de trop. Elle déboule alors dans le salon : « Seigneur, tu ne te soucies pas de ce que ma sœur me laisse faire le travail toute seule ? Dis-lui donc de m'aider. » (Luc 10.40)

Ce petit mot “seule” nous dit tout. Marthe est frustrée, non parce qu’elle désire rejoindre Marie aux pieds de Jésus, mais parce qu’elle veut que Marie l’aide dans ses occupations. Quand la distraction trouble notre joie, le mécontentement réclame d’être présent et Marthe essaye de se servir de l’autorité de Jésus pour résoudre son problème. Comme Marthe n’était pas attentive à Jésus, elle a pris ses priorités pour celles de Jésus, or, elles ne l’étaient pas.

Chérir avec ténacité

Jésus va droit au cœur du problème, il en fait le diagnostic et prescrit l’antidote :

« Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la bonne part : elle ne lui sera pas retirée ». (Luc 10.41-42)

Jésus approuve les priorités de Marie. Il loue le fait que son attention soit fixée sur lui. Sa détermination à se réjouir en lui traduit ce qui est au cœur des Psaumes :

« Ma chair et mon cœur s'épuisent : Dieu sera toujours le rocher de mon cœur et ma part. » (Psaume 73.26)

« Le Seigneur est mon partage et ma coupe […] c'est un patrimoine magnifique pour moi » (Psaume 16.5-6)

« Je demande au Seigneur une seule chose, que je recherche ardemment : habiter tous les jours de ma vie dans la maison du Seigneur, pour voir la beauté du Seigneur et pour admirer son temple. » (Psaume 27.4)

En résumé, Marie est une hédoniste chrétienne et Jésus aime cela. Car son attention complète sublime la valeur de Jésus. Il est digne de notre attention éternelle et Marie sait cela. Elle n’est pas fainéante, elle chérit le Christ avec ténacité. Elle n’est pas anxieuse, elle est entièrement vivante.

Éveillé et vivant

Saint, ne désires-tu pas cela ? Combien parmi nous ne sont qu’à demi vivants ? Ne sommes-nous pas tous à demi éveillés face à Jésus ? Combien d’entre nous vivent une existence distraite, sont anxieux de plein de choses, sont esclaves de la tyrannie des crises présentes, ayant trop de travail à faire, étant en manque de repos ? Notre attention est dispersée, notre joie gâchée par les tempêtes, notre amour pour Dieu ressemble à des charbons se refroidissant, menaçant de s’éteindre depuis longtemps. Trop souvent, nous sommes semblables à Marthe, distraits, mécontents, toujours insatisfaits.

Et tout cela parce que nous n’arrivons pas à être attentifs à la première chose, à la personne qui compte le plus. Notre temps quotidien passé à ses pieds est marginal. Ce qui est essentiel pour nos âmes devient optionnel. Nous sommes bien plus occupés que nous ne le voulons car nous avons beaucoup moins de Jésus que nous en avons besoin.

Notre Seigneur nous appelle à une vie bien plus riche, plus de vie que Thoreau aurait pu l’imaginer (Jean 10.10). Chaque jour, Jésus t’invite à devenir vivant, il t’encourage à ressentir ses merveilles, à t’extasier devant sa beauté, à habiter dans son amour. Il t’exhorte à tenir tes priorités en ordre, à te préoccuper de lui pour que cela soit un antidote à ton anxiété. Chaque matin, il te demande de t’approcher, étale les richesses de sa parole devant toi et dit : « Mon ami, ce ne sont là que les franges de ma joie. Viens assis-toi, tu n'es pas encore pleinement vivant et je veux que tu le sois ».

Jésus a grand ouvert la porte de la joie ! Ne restons pas dehors, barbotant dans la distraction. Marie a entendu sa voix et est entrée, le feras-tu ?

Article traduit avec autorisation. Merci Luc !

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