Alors que nous sommes dans des moments où de nombreuses personnes ont beaucoup de temps de libre, il est important de se rappeler que, malgré tout, il est bien de ne pas perdre son temps. Le temps est quelque chose de précieux. Sur ce même sujet, le célèbre Jonathan Edwards a écrit un traité nommé « De la nature précieuse du temps ». Dans celui-ci il mentionne quatre excellents points à considérer sur la nature précieuse du temps.
1. Vous êtes responsable devant Dieu de votre temps. Le temps est un talent que Dieu nous a donné ; il nous a fixé notre jour ; et ce n'est pas pour rien, notre jour a été fixé pour un travail quelconque ; c'est pourquoi, à la fin de la journée, il nous appellera à rendre compte. Nous devons lui rendre compte de toute notre gestion du temps. Nous sommes les serviteurs de Dieu ; de même qu'un serviteur doit rendre compte à son maître de la façon dont il passe son temps lorsqu'il est envoyé au travail, de même nous devons rendre compte à Dieu. Si les hommes y réfléchissaient bien, et s'ils gardaient cela à l'esprit, ne géreraient-ils pas leur temps autrement qu'ils ne le font ? Ne vous comporteriez-vous pas autrement que vous le faites, si vous considériez, chaque matin, que vous devez rendre compte à Dieu de comment vous aurez passé cette journée ? Et si vous considériez, au début de chaque soirée, que vous devez rendre compte à Dieu de comment vous aurez passé cette soirée ? Le Christ nous a dit qu' « au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. » (Matt 12. 36). Que pouvons-nous donc bien conclure ? Que nous devons rendre compte de tout notre temps mal utilisé !
2. Considérez combien de temps vous avez déjà perdu. Pour avoir perdu tant de choses, vous avez davantage besoin d'améliorer avec diligence ce qui reste encore à faire. Vous devriez pleurer et vous lamenter sur le temps perdu ; mais ce n'est pas tout, vous devez vous appliquer le plus diligemment possible à améliorer la partie restante, afin de pouvoir racheter le temps perdu. Vous qui êtes très avancés dans la vie, qui avez jusqu'à présent passé votre temps dans des vanités et des soucis mondains, et qui avez vécu dans une grande mesure en négligeant les intérêts de vos âmes, vous risquez d'être terrifiés et stupéfaits, quand vous pensez au temps que vous avez perdu et gaspillé.
3. Considérez comment le temps est parfois valorisé par ceux qui sont proches de la fin. Quel sens de la nature précieuse du temps ont parfois les pauvres pécheurs, quand ils sont sur leur lit de mort ! Certains ont crié, ô, mille mondes pour un peu de temps ! Alors le temps leur apparaît comme un bien précieux. Un peu de temps ne pourrait pas leur faire plus de bien qu'auparavant, quand ils étaient en bonne santé, en supposant une disposition similaire pour leur gestion du temps, ni même beaucoup ; car le temps qu'un homme passe sur son lit de mort est bien plus désavantageux que lorsqu'il est en bonne santé. Mais l'approche de la mort rend les hommes sensibles à la valeur inestimable du temps. Peut-être que lorsqu'ils étaient en bonne santé, ils étaient aussi insensibles à sa valeur que vous l'êtes, et qu'ils étaient aussi négligents à son égard. Mais comment leurs pensées sont-elles modifiées maintenant ! Ce n'est pas parce qu'ils sont trompés, qu'ils pensent que le temps a une telle valeur, mais parce que leurs yeux sont ouverts ; et c'est parce que vous êtes trompés et aveugles que vous ne pensez pas comme eux.
4. Réfléchissez à la valeur que nous pourrions attribuer au temps par ceux qui ont dépassé la fin de celui-ci. Que pensez-vous qu'ils ont de sa nature précieuse, eux qui ont perdu toute possibilité d'obtenir la vie éternelle et qui sont partis en enfer ? Bien qu'ils aient été très généreux de leur temps de leur vivant et qu'ils n'y aient accordé aucune valeur, comment ont-ils changé leurs jugements ? Comment pourraient-ils apprécier l'opportunité que vous avez, s'ils le pouvaient et qu'on leur accordait ! Que ne donneraient-ils pas pour l'un de vos jours, sous le couvert de la grâce ! Vous serez donc, au final, convaincus. Mais si vous n'êtes convaincus que de la manière dont ils le sont, il sera trop tard. Il y a deux façons de rendre les hommes sensibles à la nature précieuse du temps. L'une consiste à leur montrer pourquoi il doit être précieux, à leur dire combien il en dépend, combien il est court, combien il est incertain, etc. L'autre est l'expérience, par laquelle les hommes sont convaincus de l'importance de la gestion du temps. Cette dernière est la plus efficace, car elle est toujours convaincante, si rien d'autre ne convainc. -Mais si les personnes ne sont pas convaincues par le premier moyen, le second ne leur fera aucun bien. Si le premier moyen est inefficace, le second, même s'il est certain, est toujours trop tard. L'expérience ne manque jamais d'ouvrir les yeux des hommes, même s'ils n'ont jamais été ouverts auparavant. Mais si on les ouvre d'abord par ce moyen, ce n'est pas à leur avantage. Que tous soient donc persuadés d'améliorer leur gestion de leur temps au maximum. »
1. Jonathan Edwards, THE WORKS OF JONATHAN EDWARDS, VOLUME TWO, Christian Classics Ethereal Library, traduction libre, p.463-465.
