Le mépris de soi n'est pas ce que l'on pense

“Aimez-vous. Ne vous méprisez pas. Vous êtes quelqu’un d’exceptionnel.”

Vous avez peut-être déjà entendu ces conseils, venant d’amis, de psychologues, ou de célébrités. Dans le quartier où j’étudie, ils sont souvent écrits sur les murs au graffiti, ou imprimés en grand sur des affiches publicitaires. Ce sont des mots qui paraissent encourageants, rassurants, et généreux. Après tout, personne n’a envie de se détester, de se faire du mal, ou de se trouver nul.

Mais que signifient vraiment ces phrases ? En pratique, elles disent à celui qui les écoute : “Tu n’as pas besoin de changer.” L’idée implicite dans le fait de s’aimer soi-même, c’est qu’on ne devrait pas être critique vis-à-vis de nos attitudes, de nos pensées ou même de nos actions. Si l’on considère que même nos défauts font partie de qui nous sommes, on exige des autres qu’ils les acceptent aussi. En particulier, si un ami critique notre comportement, on se considère comme attaqué dans notre identité même.

La Bible n’utilise pas toujours les mêmes expressions que nous pour parler de psychologie, mais récemment, je suis tombé sur un passage des Proverbes où Salomon parle précisément de “mépris de soi-même”. Mais il n’a pas tout à fait la même chose en tête. Voyez le verset suivant :

Celui qui néglige l'instruction se méprise lui-même, celui qui écoute un reproche acquiert du bon sens.

Proverbes 15.32

Négliger l’instruction, le vrai mépris de soi

C’est l’exact opposé du message de notre culture. On pense que se mépriser soi-même, c’est se considérer comme mauvais, et que s’aimer soi-même, c’est apprécier qui nous sommes déjà sans avoir à changer.

Mais d’après Salomon, un roi à qui Dieu avait donné une grande sagesse, c’est au contraire ceux qui pensent ne pas avoir de changement à faire qui se méprisent. Nous avons tous besoin d’instruction, de reproches, de critiques. Parce qu’en réalité, quelle que soit notre opinion de nous-mêmes, nous sommes profondément imparfaits.

La Bible appelle cela le péché : c’est notre inclination naturelle à désobéir à Dieu et faire le mal. Refuser l’instruction, c’est dire : “Je n’ai pas besoin de tes leçons de morale. Je suis déjà quelqu’un de bien. Arrête de me dire qui je devrais être.” D’après la Bible, réagir comme cela, c’est être dans le déni. L’apôtre Paul le dit clairement dans sa lettre aux Romains :

Il n’y a pas de juste, pas même un seul; aucun n’est intelligent, aucun ne cherche Dieu.

Romains 3.10-11

On comprend mieux la phrase de Salomon : si on refuse l’instruction, on choisit de rester dans nos péchés et on les accepte. Donc on se fait du mal, puisqu’on n’écoute pas Dieu, alors que Dieu veut toujours notre bien. “Tes sentences sont pleines de bonté” dit l’auteur du Psaume 119. L’instruction la plus essentielle, c’est celle qui vient de Dieu. La négliger, c’est rejeter la personne qui nous aime le plus au monde, qui sait exactement ce qui est bon pour nous.

 

En pratique : notre choix face aux reproches

Les Proverbes sont clairs sur ce que nous avons à faire. Mais il n’empêche qu’un reproche est toujours difficile à entendre. C’est plus facile de se justifier que de réellement le prendre en compte.

Quelques semaines après mon dix-neuvième anniversaire, une amie a cherché une occasion pour me parler. Quand on a pu se retrouver en personne, je lui ai demandé ce qu’elle avait à dire. Elle m’a répondu du tac au tac : “Mec, t’es méchant avec tes amis.”

À mon dîner d’anniversaire, elle avait remarqué que je me permettais de me moquer de certains amis d’une manière qui pouvait être vraiment blessante. Elle avait pris des notes pour me citer des exemples précis. De fait, elle avait raison : je ne m’étais même pas posé la question de savoir comment mes amis ressentaient ces commentaires. J’étais aveuglé par mon égoïsme et mon envie de paraître drôle.

Salomon nous dit que pour acquérir du bon sens, il faut écouter des amis comme elle. À chaque fois qu’un reproche comme celui-là nous est fait, on a un choix : se trouver des excuses, ou admettre qu’on a eu tort. La solution de la facilité est clairement la première voie. Mais c’est seulement en acceptant les reproches qu’on peut grandir en sagesse. Mon espoir, c’est qu’après ce reproche de la part de mon amie, je devienne plus attentif et sensible à ce que ressentent les autres. Je lui suis profondément reconnaissant pour le courage qu’elle a eu de me faire cette remarque.

La prochaine fois que tu entendras un tel reproche, que feras-tu ? C’est à toi de savoir si tu l’écoutes ou pas. Mais Salomon t’a prévenu : si tu négliges l’instruction, tu te méprises toi-même.

La Bible offre un dernier encouragement pour nous tous : on peut admettre nos fautes, parce que Jésus les a pardonnées. Par sa mort, il a pris le jugement que méritent nos péchés. Si nous lui faisons confiance, nous pouvons dire face aux reproches : “Oui, j’ai été égoïste et pécheur. J’ai besoin de changer. Mais je n’ai rien à craindre, car Dieu m’accepte malgré tout cela.”

20 ans, parisien rébellutionnaire. Passionné par les maths, la lecture et la bonté infinie de Dieu.

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