J.C Ryle a raison quand il observe que le péché ne s’annonce jamais à nous avec toutes ses intentions. Il ne dit jamais « Je suis ton ennemi mortel, et je veux te détruire pour toujours en enfer. » (Holiness, p.9). Il montre son plaisir, mais cache sa douleur ; il montre son éclat mais cache sa mort (Romains 6.23).
Mais ce n’est pas tout ce que nous cache le péché au moment de la tentation. Il ne dévoile pas non plus qu’il compte faire du mal aux autres. Il ne se présente jamais en disant « Je suis ton ennemi mortel et l’ennemi mortel de tous ceux que tu connais. Je veux te détruire toi et eux en enfer - et utiliser tes péchés et les leurs pour y parvenir. »
L’un des mensonges les plus perfides que nous pouvons croire sur le péché, spécifiquement les péchés que nous considérons comme privé ou secret, est de penser que nous pouvons en garder les conséquences pour nous-mêmes. Que nous serons les seuls - si quelqu’un doit l’être – à être affectés. Nous réalisons rarement que notre péché influence inévitablement les autres d’une manière ou d’une autre.
Le péché ne reste jamais seul
Même quand nous « péchons seul » - c’est à dire que bien que l’œil du ciel nous voit, aucun autre humain ne nous voit - notre péché ne reste pas seul. Il voyage avec nous en provenance de l’ombre jusque dans le monde de nos relations. Nous péchons en tant que membre d’une communauté - même si nous péchons seul. Herman Bavinck le souligne de manière éclairante en observant le péché de nos premiers parents :
Adam et Ève ont péché non seulement en tant qu’individus, en tant que personnes, mais ils ont aussi péché en tant que mari et femme, en tant que père et mère ; ils jouaient avec leur propre destin, avec le destin de leur famille, et avec le destin de la race humaine tout entière. (The Christian Family, p.10).
Certes, notre péché n’a pas les mêmes conséquences que celui de notre chef de lignage. Son péché était originel, le nôtre dérivé. Mais il est vrai que comme Adam, nous ne péchons jamais en tant qu’humains isolés, en tant qu’individus. Nous ne jouons jamais uniquement avec notre propre destinée, complétement détachés des autres. Nous péchons tous en tant qu’humain connecté à d’autres humains. Nous péchons, aussi souvent que nous péchons, en tant que pères, mères, filles, fils, voisins, collègues, citoyens, et si nous sommes chrétiens, en tant que membres du corps de Christ.
En insinuant que certains péchés ne nous affectent que personnellement, Satan supprime en partie l’urgence de lutter contre les péchés privés de l’anxiété, les flammes camouflées de la convoitise, les festins cachés de la pornographie nous disant que cela restera confiné avec nous. Chacun doit mentir dans son propre lit – personne d’autre ne doit mentir dans le nôtre.
Nous péchons en tant que membre d’une communauté - même si nous péchons seul.
En cela, Satan est une araignée astucieuse, tissant une toile de fils cachés se collant à ceux auxquels nous n’avons jamais voulu nuire. Il cache les conséquences de la façon dont le péché nous rend impuissant quand un ami viens nous voir pour recevoir de l’aide, de comment nous devenons indifférents envers nos enfants parce que la peur de l’homme concentre notre attention, comment le flux d’images impudiques s’installe dans nos têtes, nous empêchant de fraterniser dans l’amour de Christ. Le diable n’oserait pas nous rappeler les horribles effets secondaires, comme la distraction, la réticence et la dureté de cœur, qui empoissonnent notre amour pour Dieu et nos bonnes actions envers ceux autour de nous.
Folie contagieuse
En tant que personne ayant commis d’innombrables péchés, je présume que nous savons tous que c’est le cas par expérience. Mais voyons-nous ce principe dans les Écritures ? En plus des multiples récits qui montrent des péchés d’individus qui ne sont pas restés individuels, apprenons de la sagesse du livre des Proverbes.
« Un fils sensé réjouit son père, mais un fils insensé cause du chagrin à sa mère » (Proverbes 10.1). Un homme insensé n’est pas insensé pour lui seul, mais est un fils insensé pour sa mère. Quand Judas, un homme mauvais, a trahi le Seigneur, il ne l’a pas fait seulement en tant que Judas mais aussi en tant que « fils de Simon » (Jean 13.2, 26).
Ou bien considérez la tournure étonnante dans Proverbes 10.17 : « Celui qui garde l’instruction prend le chemin de la vie, mais celui qui délaisse l’avertissement mène les autres à l’égarement. » (traduction libre depuis la version NIV). Le père, la mère, la fille, le fils qui rejette la réprimande de Dieu ne s’égare pas seulement lui mais, comme un fort courant, il emporte les autres avec lui. Il n’est pas seul à avoir la nuque raide.
Similairement, une femme et mère insensée ne dégrade pas seulement sa relation verticale avec Christ, mais celle de toute sa maison avec elle : « La femme sage bâtit sa maison, et la femme insensée la renverse de ses propres mains » (Proverbes 14.1). Quand nous semons des graines dans la chair, elles récoltent la corruption non seulement en nous-mêmes mais dans tous les domaines de la vie. Poison en dedans et en dehors - et particulièrement pour ceux que nous aimons profondément.
« Contre Toi, Toi seul ? »
Si notre péché a des conséquences si terribles et dissimilées pour les autres, pourquoi David se repent-il de ses péchés graves et explicites contre Urie (adultère et meurtre) comme il le fait dans le Psaumes 51 ?
« J’ai péché contre toi, contre toi seul, j’ai fait ce qui est mal à tes yeux. C’est pourquoi tu es juste dans tes paroles, sans reproche dans ton jugement » (Psaumes 51.6)
Il n’a péché que contre Dieu ? David voulait-il vraiment que la famille d’Urie chante ces paroles placées dans le livre de cantiques d’Israël : « Contre toi, toi seul, j’ai péché et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux », comme si leur bien-aimé et fidèle Urie n’avait pas été gravement trahi et ensuite assassiné ?
David voulait dire que, comparé à tous les autres, il avait péché contre Dieu seul. Il n’avait pas une vision du monde humaniste qui place les offenses contre les hommes plus haut que celles commises contre Dieu. « Contre les hommes, et les hommes seulement j’ai péché », est le credo moderne. Non, David sait très bien qu’il a le sang d’Urie sur les mains : « Délivre moi du sang versé, O Dieu » (Psaumes 51.16). Mais même cela est une haute trahison contre son Créateur.
Les répercussions du péché, nous nous en rendons souvent compte trop tard, sont beaucoup plus chaotiques et incontrôlables que ce que nous imaginons quand nous sommes tentés.
Il reconnaît que son péché était principalement contre Dieu, mais considérez l’étendue des conséquences. Quand David a péché, il l’a fait en tant que mari, en tant que père, en tant que fils d’Isaï, en tant que frère et soldat d’Urie, en tant que roi d’Israël, en tant qu’homme qui influencerait de nombreux fils et filles, citoyens et âmes longtemps après son départ de ce monde. Son péché était contre Dieu et Dieu seul, mais les conséquences de son péché ne l’ont pas touché lui seul.
Tu n’obéis jamais seul
Les répercussions du péché, nous nous en rendons souvent compte trop tard, sont beaucoup plus chaotiques et incontrôlables que ce que nous imaginons quand nous sommes tentés. Mais cela nous amène à un contraste stupéfiant.
Satan cacherait l’influence submergeante de l’iniquité sur les autres. Mais il cache aussi l’influence capitale de ce que nous considérons trop souvent comme des actes communs et cachés de foi, d’amour et d’obéissance. Il voudrait nous faire penser que le péché et la sainteté sont tous deux insignifiants, deux fumées qui disparaissent sans importance. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité.
L’avez-vous vu dans la sagesse des Proverbes ?
- « Un fils sensé réjouit son père, mais un fils insensé cause du chagrin à sa mère » (Proverbes 10.1).
- « La femme sage bâtit sa maison, et la femme insensée la renverse de ses propres mains » (Proverbes 14.1)
Un homme sage ne l’est pas seulement pour lui-même, mais c’est un fils sage qui fait la joie de son père. Une femme sage ne peut pas contenir les bénédictions de sa sagesse pour elle-même ; elle édifie tout son foyer à partir de sa crainte, son amour et son obéissance à son Seigneur. Les Proverbes et les récits des Écritures témoignent ensemble que « quiconque écoute l’instruction est sur le chemin de la vie » (Proverbes 10.17) et celui qui accepte les reproches conduit les autres sur le même chemin.
Incalculable est cette bénédiction, qui coule sur les autres depuis les sources cachées de la communion avec Christ. L’homme pieux, dont l’esprit et le cœur méditent les Écritures, devient l’Arbre qui donne du fruit aux autres, dont le feuillage ne se flétrit pas (Psaumes 1).
Seul le ciel peut dire en quoi éteindre cet écran à ce moment-là et comment l’habitude de prier Dieu, affecte des milliers de situations, et de personnes. De léger virages du gouvernail modifient le cap de gros navires. Lorsque nous chérissons Christ plus que les plaisirs du péché et croyons ses promesses plus que les mensonges de Satan, nous inondons notre entourage de vagues de bénédictions. Les péchés cachés, comme les bonnes œuvres cachées, « ne peuvent pas rester cachés » (1 Timothée 5.25).
Article traduit avec autorisation, merci Gaëlle pour ton travail !!