Le texte raconte l’histoire choquante de Jephté, chef militaire en Israël, croyant mais qui, dans un élan d’enthousiasme religieux, fait une promesse inconsidérée à Dieu, en supposant qu’il y avait besoin de ça pour obtenir la faveur de Dieu. Et ça va très mal tourner. Ce texte est pertinent pour nous car pour Jephté comme pour nous, la faveur de Dieu n’est ni à vendre, ni à mériter, ne peut ni augmenter ni diminuer par nos œuvres car elle a déjà été payée entièrement par Jésus-Christ au profit des croyants. On n’aura jamais les moyens d’acheter la faveur de Dieu mais Dieu a voulu nous l’offrir pleinement à ses propres frais !
1. L’erreur monumentale de Jephté
Attention de ne pas importer dans notre relation avec Dieu des choses que Dieu n’a pas voulues. Dans notre passage, Jephté s’apprête à combattre les Ammonites pour reprendre le territoire d’Israël dont Israël était légitimement propriétaire. Tout se présente bien, « l’Esprit de l’Éternel » était sur lui (v. 29). Mais Jephté propose un marché à Dieu (v.30-31) : un grand sacrifice en échange de la victoire des ennemis. Jephté parle sans mesurer ses paroles ni les risques encourus, peut-être un peu grisé par la situation qu’il va vivre ? Il veut participer en mettant quelque chose de conséquent sur la table en échange de la faveur de Dieu. Le vœu de Jephté est évidemment un mauvais vœu, désapprouvé par Dieu (d’une part, les sacrifices humains étaient absolument interdits par la loi d’Israël et d’autre part, Dieu n’a jamais rien demandé à Jephté). Jephté qui semblait bien connaître l’histoire d’Israël devait savoir que Dieu dispensait sa faveur de manière souveraine et pas du tout en échange d’offrandes, de sacrifices ou de performances des humains.
Ne vivons pas sous la tyrannie de la performance perpétuelle en nous sentant sans cesse stressé, coupable et déçu (ce n’est pas la volonté de Dieu pour nous) et ne répercutons pas cette façon de penser dans l’Église : ce serait barrer l’accès à Dieu ! Attention au vrai danger d’ajouter nous-mêmes des conditions, des lois, des règles, des exigences, des contraintes pour pouvoir obtenir la faveur de Dieu : pas de levier ni de donnant-donnant avec le vrai Dieu, c’est lui qui définit notre relation à lui !
2. La foi monumentale de sa fille
Au lieu d’importer dans notre relation avec Dieu des choses que Dieu n’a pas voulues, on devrait plutôt se satisfaire d’être entièrement suspendus à son bon vouloir, sans rien exiger de lui. La fille de Jephté illustre cette attitude radicale. Dans notre texte, la fille de Jephté est la première à sortir à la rencontre de son père et se réjouit de la victoire accordée par l’Eternel. Puis, elle consent au vœu de son père par lequel il était lié vis-à-vis de l’Eternel. Elle demande un délai pour pleurer non sa mort mais le fait qu’elle (et donc Jepthé) n’aura pas de descendance pour perpétuer sa lignée. Après 2 mois, elle revient vers son père Jephté par égard pour la conscience de son père et dans une posture de docilité et d’extrême confiance devant la souveraine providence de Dieu. La foi monumentale de la fille diminue la culpabilité de son père car elle s’offre en sacrifice volontaire et consenti par la foi.La scène rappelle l’histoire du sacrifice d’Isaac par son père Abraham sauf que c’est Dieu qui demande le sacrifice.
Attention à ne pas penser que Dieu peut nous devoir des choses en retour de notre fidélité, notre consécration, notre discipline comme Jephté a pensé momentanément pouvoir obliger Dieu MAIS nous devons nous satisfaire d’être entièrement suspendus à son bon vouloir, sans rien exiger de lui comme la fille de Jephté. Jepthé a voulu offrir quelqu’un d’autre en sacrifice à Dieu pour obtenir quelque chose de la part de Dieu mais sa fille s’est donnée elle-même en sacrifice, comme offrande volontaire, sans rien attendre en retour. Est-ce qu’on est prêt à ne pas chercher à marchander avec Dieu comme Jephté mais à lui faire pleinement confiance dans une humble dépendance, comme sa fille, au point de dire à Dieu : « Voici ma vie, elle t’appartient, tu ne me dois rien en retour » ?
3. La providence monumentale de Dieu
C’est possible d’avoir la faveur de Dieu, mais à un prix que lui seul peut payer. Et Dieu le révèle par sa providence monumentale. Dieu n’avait rien demandé à Jephté qui avait déjà sa faveur. Mais à travers son vœu imprudent, et par le truchement de la providence de Dieu, Jephté va comprendre combien coûteuse est cette faveur : le coût d’un enfant unique. L’histoire de Jephté nous amène au cœur même de toute la Bible, la Bonne Nouvelle qu’on a besoin de croire et de se rappeler chaque jour : Dieu nous présente sa faveur à un coût qu’il a lui-même supporté par l’offrande de son Fils Jésus-Christ, mort sur la croix pour racheter tous ceux qui se confient en lui. Il n’avait rien demandé à Jephté car sa faveur est hors de prix. Il nous l’offre à ses propres frais. La vie chrétienne est-elle une tyrannie perpétuelle parce que tu n’arrives jamais à en faire assez pour Dieu ? Si ta foi est en Jésus, tu as pleinement la faveur de Dieu. Sa faveur envers toi ne peut ni augmenter ni diminuer. Elle est complète. Jephté avait la foi et son erreur monumentale a des conséquences mais ne l’empêche pas d’être cité parmi les héros de la foi de la lettre aux Hébreux.
Applications :
> Attention à ne pas être des croyants téméraires mais sobres et réfléchis avant de parler, d’agir ou de nous engager. Craignons Dieu !
> Rappelons-nous l’Évangile : Jésus-Christ a tout payé et son sacrifice est pour toujours suffisant pour nous garantir la faveur totale de Dieu.
> Le prix payé par Dieu pour notre salut est si grand qu’en retour, offrons-nous en sacrifice vivant et vivons une vie d’adoration en conformant nos actes, nos paroles, nos pensées et nos désirs à sa volonté parfaite.
Que Dieu nous émerveille encore par l’amour qu’il nous a manifesté en Jésus-Christ.
D’après une série de prédications d’Alexandre SARRAN : https://www.egliselyongerland.org/blog/post/4525