Dans cette série, la Réb te fait voyager dans le temps, pour te faire découvrir des chrétiens du passé dont la vie peut nous encourager aujourd’hui.
Jean Calvin (1509-1564)
Figure majeure de l’Histoire moderne française mais aussi européenne, Jean Calvin est le principal introducteur du protestantisme en France, un peu comme Martin Luther pour l’Allemagne.
Ses débuts
Son père, qui lui prévoit un avenir de théologien ou de juriste, l’envoie étudier à Paris et à Orléans à partir de 1523, quand il a 14 ans. Jean y fréquente les collèges réputés où il apprend les langues anciennes, la théologie, le droit. Il y noue d’importantes amitiés et se tient au courant, parmi les savants du royaume, des événements contemporains de la réforme luthérienne. Il se convertit véritablement au début de l’année 1534, passant du catholicisme traditionnel hérité de sa famille à l’adhésion au christianisme réformateur de Luther. Cet événement bouleverse le reste de sa vie : ses études l’auraient conduit bien plus probablement à une confortable vie de juriste qu’à ce qu’il s’apprête à devenir ! Désormais, il compte mettre sa plume au service de Dieu et de l’enseignement des chrétiens français, en développant sa propre pensée, qui se distingue de celle de Luther sur certains points.
L’exil
L’affaire des Placards, qui éclate à Paris en octobre 1534, marque le début d’une longue période de durcissement du pouvoir royal contre les chrétiens réformateurs. Calvin choisit de quitter la France, et part s’installer en Suisse; de nombreux voyages le préparent à l’activité de pasteur et d’enseignant qu’il exerce jusqu’à la fin de sa vie à Genève, en Suisse. Il acquiert un renom de plus en plus grand, en raison de la solidité de ses ouvrages théologiques, où se manifestent son érudition et sa très grande intelligence.
Genève, en effet, vient de renoncer solennellement au catholicisme et les autorités peinent à organiser la nouvelle vie des habitants. Les Genevois, en renonçant au catholicisme, font appel à Jean Calvin, et le prient de venir s’installer chez eux pour les aider à réorganiser leur vie.
La période genevoise
Jean quitte donc Strasbourg, où il vient de se marier avec Idelette, pour s’installer à Genève en septembre 1541 ; il y reste jusqu’à sa mort en mai 1564. Calvin mène alors une vie de travail assidu : il prêche plusieurs fois par semaine, et passe le plus clair de son temps libre à écrire, pour préparer ses prochains ouvrages, ses sermons, pour correspondre, etc. Sa femme, avec qui il a un enfant qui meurt en bas âge, meurt elle aussi en 1549, huit ans après son mariage : il en est très affecté. Il ne se remarie pas.
De nombreux événements rythment sa vie publique de pasteur et d’enseignant à Genève. Des conflits politiques d’abord, surtout dans les années 1540 : Calvin est entier, et ses ambitions pour la sanctification de la vie des Genevois se heurtent parfois à des magistrats soucieux de conserver leur autorité. Il consacre une grande partie de son temps aux conflits religieux qui l’opposent soit à des représentants du monde catholique, soit à des penseurs hétérodoxes : ce sont autant d’occasions pour lui de préciser ses propres interprétations de l’Écriture. La population de Genève grandit en nombre, car la ville devient un refuge important pour les protestants français qui fuient le royaume catholique de France.
Son héritage
Mort sans descendance familiale, Calvin laisse tout de même un héritage considérable. Et pour cause: avec Luther, il est le Réformateur à la plus grande influence de son vivant même. C’est lui qui introduit de façon massive et construite le protestantisme dans les régions francophones de l’Europe, en France surtout. Il rédige, pour les communautés clandestines françaises, des Confessions de foi destinées à accompagner et encadrer la vie religieuse des chrétiens (qu’on appelle aussi «huguenots» ou plus simplement «réformés») français.
Lire Calvin ?
La pensée théologique de Calvin est contenue dans son ouvrage principal, Institution de la religion chrétienne, qu’il publie d’abord en 1536 mais remodèle régulièrement, jusqu’à une dernière édition en 1561. Il y aborde successivement tous les points essentiels de la doctrine (la nature de Dieu, la nature de l’Homme, la prière, les sacrements, la foi, etc.). C’est la première fois qu’un tel ouvrage de théologie est publié en français : Calvin destine son ouvrage non seulement aux savants, mais aussi au peuple des fidèles qui ne connaissent pas forcément le latin.
Aujourd’hui, lire Calvin peut être difficile sans connaissance de la langue française du XVIe siècle ou sans notions élémentaires de théologie chrétienne. Pourtant, certains de ces ouvrages sont accessibles : parmi ses nombreux traités, on peut lire le Petit traité de la Sainte Cène, écrit en 1541, dans lequel Calvin défend ses conceptions de la cène (voir ici).
Les éditions Excelsis ont fait paraître en 2013 une version abrégée de l’Institution de la religion chrétienne, en français modernisé (extraits disponibles ici). Si la lecture d’une telle somme vous fait peur, rassurez-vous : vous avez le droit de sauter les passages qui vous paraissent trop difficiles ! Calvin lui-même encourage le lecteur à ne pas se laisser impressionner : « Si quelqu’un ne peut comprendre tout le contenu, il ne faut pas qu’il se désespère pour autant, mais qu’il poursuive toujours sa lecture, espérant qu’un prochain passage lui fera mieux comprendre l’autre ».
Pour en apprendre plus sur Calvin, de nombreux livres accessibles sont disponibles dans la plupart des librairies chrétiennes ou en ligne. Plus généralement, de nombreux pasteurs continuent de défendre aujourd’hui une pensée d’inspiration calviniste, comme par exemple R.C Sproul, Tim Keller, John Piper.
Réflexion
En puissant intellectuel, Calvin s’est acharné pendant tout son ministère à justifier ses positions, en convoquant la Bible, les Pères de l’Église, d’autres théologiens contemporains, etc. pour essayer de prouver le caractère biblique de sa doctrine. En tant que chrétien, t’es-tu déjà retrouvé face à quelqu’un qui t’interroge ou remet en cause le bien-fondé de tes convictions? Comment as-tu réagi? As-tu su quoi répondre, ou bien as-tu été pris de court, confus par manque d’assurance? L’exemple de Calvin peut nous inviter à rechercher les fondements bibliques de nos croyances: il est toujours utile d’asseoir sa foi sur une lecture régulière et personnelle de la Parole de Dieu.