Toute obéissance n’est pas chrétienne

L’obéissance chrétienne est une obéissance particulière. Elle implique plus qu’un simple comportement extérieur, plus même qu’une bonne motivation.

L’obéissance chrétienne implique l’union miraculeuse et mystérieuse de l’action divine et de l’action humaine. L’apôtre Paul expose ce mystère en Philippiens 2 :

"Ainsi, mes bien-aimés, vous qui avez toujours obéi, non seulement quand j’étais présent, mais bien plus encore maintenant que je suis absent, mettez en œuvre votre salut avec crainte et profond respect. En effet, c’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire pour son projet bienveillant." (Philippiens 2.12-13)

Alors que nous considérons ce mystère, il est crucial que nous comprenions bien les prépositions. Les chrétiens ne travaillent pas pour leur salut. Le salut se fait par la grâce, par le biais de la foi. Ce n’est pas de notre fait ; « c’est le don de Dieu. Ce n’est pas par les œuvres, afin que personne ne puisse se vanter » (Éphésiens 2.8-9). Ailleurs en Philippiens, Paul dit qu’il cherche à gagner le Christ, à être trouvé en lui, non par une justice propre qui vient de la loi, mais la justice de Dieu qui dépend de la foi (Philippiens 3.8-9). Les chrétiens ne travaillent donc pas pour leur propre salut. Nous recevons le salut comme un don.

Mais nous travaillons à notre propre salut, et nous le faisons parce que Dieu est à l’œuvre en nous pour vouloir et travailler à son bon plaisir. Nous travaillons à ce que Dieu travaille en nous. Et il agit au niveau de notre volonté – nos désirs, nos affections, nos choix. Ce qui est fondamental pour le salut, c’est un changement de cœur, la transformation de notre volonté par Dieu afin que nous voulions et travaillions pour son bon plaisir.

Travailler de l’intérieur

Le même mystère et le même miracle de l’obéissance chrétienne sont décrits à la fin du livre d’Hébreux :

"Le Dieu de la paix a ramené d’entre les morts notre Seigneur Jésus, devenu le grand berger des brebis grâce au sang d’une alliance éternelle. Qu’il vous rende capables de toute bonne œuvre pour l’accomplissement de sa volonté, qu’il fasse en vous ce qui lui est agréable par Jésus-Christ, à qui soit la gloire aux siècles des siècles ! Amen !" (Hébreux 13.20-21)

"Nous ne travaillons pas pour le salut. Nous travaillons au salut parce que Dieu travaille en nous pour vouloir et travailler pour son bon plaisir."

Comment le Dieu de paix nous équipe-t-il pour faire sa volonté ? En faisant en nous ce qui est agréable à ses yeux. Les mêmes éléments sont présents ici et en Philippiens : l’œuvre de Dieu en nous, conduisant à notre accomplissement (c’est-à-dire l’exécution de sa volonté), pour son bon plaisir et sa gloire. Comme en Philippiens, il travaille en nous pour que nous accomplissions sa volonté d’une manière qui lui soit agréable.

L’obéissance chrétienne est donc particulière parce qu’elle sait que les prépositions sont importantes. Nous ne travaillons pas pour le salut. Nous travaillons au salut parce que Dieu travaille en nous pour vouloir et travailler pour son bon plaisir.

La double vision chrétienne

L’obéissance chrétienne est aussi spéciale d’une autre manière. L’œuvre de Dieu en nous produit un état d’esprit particulier. Pense à cela en termes de double vision. Considère Philippiens 2.1-5, en notant l’utilisation du mot esprit :

"S’il y a donc de l’encouragement en Christ, s’il y a de la consolation dans l’amour, s’il y a une communion de l’Esprit, s’il y a de la tendresse et de la compassion, rendez ma joie parfaite en vivant en plein accord. Ayez un même amour, un même cœur, une unité de pensée. Ne faites rien par esprit de rivalité ou par désir d’une gloire sans valeur, mais avec humilité considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de regarder à ses propres intérêts, regarde aussi à ceux des autres. Que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ."

La joie de Paul sera complète si les Philippiens ont le même état d’esprit, le même amour, le même esprit, la même détermination. Il souligne en particulier ce sur quoi ils gardent un œil. Ils ne regardent pas à leurs propres intérêts, mais aux intérêts des autres. Ils n’agissent pas par ambition égoïste, par orgueil ou par vaine gloire, mais ils considèrent les autres comme supérieurs à eux-mêmes. Ils placent leur bonheur dans le bien des autres. C’est la première partie de la double vision : regarder aux intérêts des autres. La seconde partie apparaît en Philippiens 2.12 : nous recherchons l’approbation de Dieu. Paul dit, « Vous qui avez toujours obéi, non seulement quand j’étais présent, mais bien plus encore maintenant que je suis absent… » Les Philippiens n’obéissaient pas pour impressionner Paul, mais pour plaire à Dieu.

L’approbation de qui ?

En attirant l’attention sur leur obéissance constante, Paul met en effet en lumière une tentation permanente pour les personnes obéissantes. De qui cherches-tu l’approbation ? S’il s’agit essentiellement d’un être humain, alors tu n’obéiras que quand ils auront leurs yeux sur toi. Tu obéiras en leur présence, mais pas en leur absence. Et l’obéissance qui n’apparaît qu’en présence de certaines personnes n’est pas vraiment une obéissance chrétienne. Regarde comment Paul reprend ce thème ailleurs :

"Esclaves, obéissez en tout à vos maîtres terrestres, et pas seulement sous leurs yeux, comme le feraient des êtres désireux de plaire aux hommes, mais avec sincérité de cœur, dans la crainte de Dieu. Tout ce que vous faites, faites-le de tout votre cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes, sachant que vous recevrez du Seigneur un héritage pour récompense. En effet, le Seigneur que vous servez, c’est Christ." (Colossiens 3.22-24 ; voir aussi Éphésiens 6.5-8)

Bien sûr, ce n’est pas mal de vouloir plaire aux bonnes personnes par notre obéissance. Nous devrions vouloir plaire à notre patron en faisant bien notre travail. Les enfants devraient vouloir plaire à leurs parents en obéissant. Le problème se pose lorsque c’est la seule raison pour laquelle nous obéissons. Si nous n’obéissons que lorsque nos parents sont là, ou quand le pasteur est là, ou quand notre conjoint est présent, ou quand le patron est là, ou quand nos amis chrétiens sont là, alors notre obéissance n'est qu’un service pour plaire aux yeux des gens. Elle ne plaît pas à Dieu parce qu’elle n’est pas faite pour lui.

L’obéissance de l’intérieur

Les prépositions et la double vision sont liées. L’obéissance chrétienne est une obéissance de l’intérieur vers l’extérieur, pas de l’extérieur vers l’intérieur. Elle commence par l’œuvre de Dieu dans le cœur et s’exerce ensuite en termes de double vision – en recherchant les intérêts des autres tout en recherchant l’approbation de Dieu. Je dis régulièrement à mes fils que ce que je veux et attends d’eux, c’est une obéissance de l’intérieur vers l’extérieur. Je ne veux pas les suivre partout pour m’assurer qu’ils respectent leurs engagements. C’est une obéissance de l’extérieur vers l’intérieur. La pression extérieure du regard des parents pousse à l’obéissance (souvent jusqu’à l’exaspération des parents et de l’enfant).

« L’obéissance chrétienne est une obéissance de l’intérieur vers l’extérieur, et non de l’extérieur vers l’intérieur. »

Ce que les parents veulent, c’est l’obéissance du cœur, de l’intérieur. Nous voulons pouvoir dire, comme Paul « Tu obéis toujours, non seulement en ma présence, mais encore plus en mon absence. » Nous ne voulons pas simplement que nos enfants respectent la norme par leurs actions ; nous voulons qu’ils l’aiment de tout leur cœur. Nous voulons que Dieu travaille dans nos enfants à vouloir et à travailler pour son bon plaisir. C’est une obéissance qui brille comme les étoiles, qui rend les parents fiers et Dieu heureux.

Et bien sûr, cette forme particulière d’obéissance chrétienne n’est pas réservée aux enfants, mais à tous les chrétiens. L’obéissance chrétienne a une double vision – nous regardons aux intérêts des autres, et nous recherchons l’approbation de Dieu. Nous ne nous mettons pas à la première place. Nous ne transformons pas nos désirs en exigences. Nous recherchons le bien des autres. Nous cherchons à les bénir et à leur apporter de la joie. Et nous le faisons parce que nous sommes toujours en présence de Dieu, animés par son Esprit, et que nous voulons lui plaire en réalisant qu’il oeuvre en nous.

Article traduit avec autorisation, merci Lara !

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