Le premier chapitre de Jonas montre que Dieu exprime sa souveraineté sur les nations par une évangélisation globale. Mais au départ, on dirait qu’il fait de Jonas le messager de sa condamnation :
La parole de l'Eternel fut adressée à Jonas, fils d'Amitthaï: «Lève-toi, va à Ninive, la grande ville, et crie contre elle, car sa méchanceté est montée jusqu'à moi.» (Jonas 1.1-2)
Mais comme on l’apprend dans les chapitres suivants (et comme Jonas le devine dès le début), le message de jugement qu’apporte Jonas a pour réel objectif le salut de Ninive.
Un Dieu souverain
Vu l’histoire d’Israël jusque-là, Dieu peut attendre de Jonas qu’il comprenne la responsabilité de son peuple envers les nations. Il a toujours racheté son peuple dans un objectif missionnaire. “Chantez en l’honneur de l’Eternel, bénissez son nom, annoncez de jour en jour son salut ! Racontez sa gloire parmi les nations, ses merveilles parmi tous les peuples !” (Psaume 96.2-3) C’est pour cela que Jésus est en colère quand il voit le parvis du temple de Jérusalem utilisé à des fins commerciales plutôt que l’accueil de gens de toutes nations venus chercher le salut de Dieu par la prière. Il cite la promesse d’Ésaïe 56 : “Mon temple sera appelé une maison de prière pour toutes les nations”.
Et Dieu a le droit d’exiger que chaque personne, dans chaque ville, le loue, puisque Jésus règne déjà dans les cieux au-dessus de toutes les nations. L’évangélisation n’est pas un concept arrogant ou impérialiste. C’est le plus beau des services d’information publique, qui met le monde au courant du Dieu qui règne déjà sur tous pays.
Un Dieu souverain sur Jonas
Jonas est un prophète du début du VIIIème siècle avant Jésus-Christ, le fils d’un certain Amittaï dont on ne sait strictement rien. Dans 2 Rois 14, on apprend que lors d’un affaiblissement de l’Assyrie, Dieu a utilisé Jonas pour annoncer le rétablissement des frontières d’Israël. Maintenant, le même prophète qui a annoncé la bénédiction de Dieu sur Israël est utilisé pour bénir les Assyriens eux-mêmes, l’ennemi héréditaire.
Jonas pourrait (et devrait) voir ça comme un privilège. Partager les bénédictions de Dieu, participer à l’accomplissement de ses promesses, c’est un rôle magnifique. Mais pour Jonas, c’est une corvée. Les Ninivites ne méritent-ils pas le jugement de Dieu, après tout ? Si Jonas a peur de les avertir, c’est parce qu’il ne veut pas qu’ils soient épargnés. C’est comme prévenir un groupe terroriste qu’une bombe se trouve sous leur QG : on serait bien tentés de ne rien dire pour éviter qu’ils fuient.
Jonas, comme beaucoup d’entre nous, ne se soucie pas vraiment des Ninivites. Il se révèle égoïste, colérique et même raciste, manquant de compassion pour les non-croyants d’autres pays. Malheureusement, il n’est pas le seul.
Notre mission de faire des disciples de toutes les nations (Matthieu 28.19) est-elle une joie ou une corvée pour nous ? Y a-t-il des personnes à qui tu préférerais ne pas annoncer l’Évangile ?
Un Dieu souverain sur Ninive
On peut comprendre l’hésitation de Jonas, si on connaît la réputation de Ninive. Décrite comme “ville sanguinaire, pleine de mensonge, remplie de violence” par le prophète Nahum (Nahum 3.1), c’était bien l’endroit qui semblait le plus mériter le jugement de Dieu. S’il parle de sa “méchanceté”, ce n’est pas pour rien.
Mais pourquoi Dieu s’en soucie-t-il ? Parce que le monde entier est à lui. Si je mets le feu à ma chambre d’internat, toi, lecteur, tu n’en as a priori rien à faire. Par contre, l’université qui me la loue se sentira très vite concernée, puisque la chambre lui appartient. Quel que soit le mal que nous faisons, nous le faisons chez Dieu, devant lui et avec ce qui lui appartient. Le péché ne fait pas que du mal aux autres, il manque aussi de respect à Dieu.
Quel encouragement retenir de tout ça ? Quand nous partageons l’Évangile à notre famille ou nos amis, nous ne parlons pas juste de notre Seigneur, mais de leur Seigneur. Nous leur présentons leur Souverain, tellement offensé par leur péché qu’ils ont désespérément besoin de son Sauveur, mais tellement plein d’amour qu’il envoie ses évangélistes réticents leur parler de lui.
Adapté du livre The Reluctant Evangelist, de Richard Coekin.