Vivre sa vie chrétienne à reculons ?
Est-ce que vous avez déjà eu l’impression de faire tout ce qu’il faut pour grandir avec Dieu : lire de nombreux ouvrages chrétiens, pleurer sur la pauvreté de votre piété personnelle etc., en restant toujours dans un état de tristesse intérieur, et avec l’impression de ne pas avancer ? Est-ce que vous avez déjà eu l’impression que pour les autres chrétiens, tout semble fluide, simple et limpide… mais pas pour vous ? Est-ce que vous déjà eu l’impression qu’en fait, vous n’étiez peut-être « pas fait » pour mener une vie chrétienne.
Si oui, sachez que vous n’êtes pas seul, et que nombre de chrétiens traversent ces maux. Je voudrais commencer cette série en citant un long paragraphe qui se trouve dans le premier chapitre du livre « dépression spirituelle » de M.Lloyd Jones (1). Celui-ci vous parlera peut-être particulièrement, tout comme il m’a parlé :
Si quelqu’un ne parvient pas à connaitre la joie de son salut, il lui faut en découvrir la raison. Les causes possibles sont nombreuses et la sagesse consiste à les envisager une à une en détail. Dans ce domaine, il s’avère dangereux de prendre quoi que ce soit pour acquis. Un grand nombre de personnes ne parviennent jamais à la véritable position chrétienne car elles ne commencent pas par saisir certaines vérités fondamentales.
Cette situation se révèle plus courante, semble-t-il, parmi ceux qui grandissent dans un contexte religieux ou un foyer chrétien. Ils sont toujours allés dans un lieu de culte, s’intéressent aux choses chrétiennes et fréquentent une église mais beaucoup d’entre eux ne semblent jamais parvenir à se libérer de la mélancolie.
Quand on les compare à la description biblique du nouvel homme en Christ, la différence saute aux yeux. Ils s’en rendent compte eux-mêmes et cette prise de conscience provoque souvent leur dépression. Ils voient d’autres chrétiens se réjouir. Ils disent : « ces gens ont quelque chose que je n’ai pas. » Ils donneraient tout pour obtenir ce trésor. Ils lisent les biographies de chrétiens exemplaires mais se savent aussitôt dépourvus d’une dimension que ces gens possèdent et vivent.
Beaucoup gisent dans cette situation misérable et la vie chrétienne se révèle pour eux un problème incessant. « Pourquoi ne puis-je pas ressembler aux autres chrétiens ? », se demandent-ils. Ils lisent des livres censés donner des indications sur la vie chrétienne ; ils assistent à des réunions et à des conférences, cherchant toujours cet élément manquant, ne trouvant jamais. La dépression spirituelle les assaille sans cesse, leur âme reste abattue et gémit en eux.
Il est fort à parier que beaucoup d’entre vous passez, ou êtes déjà passés par ce genre de sentiment. Et dans la suite de cette série, je voudrais que l’on découvre ensemble certaines causes possibles de notre « mal-être spirituel », en suivant la trame du livre cité ci-dessus. A travers cette longue série, nous suivrons pas à pas notre auteur, à travers les 21 chapitres de son ouvrage, dans le but de mieux cerner les différents enjeux.
Un remède ?
Mais en guise d'avant gout des prochains articles, découvrons la thèse que va poursuivre M.Lloyd Jones tout au long de son ouvrage (2), en s'appuyant particulièrement sur le verset 6 du Psaume 42 : « Pourquoi être abattue, mon âme, et gémir en moi ? Espère en Dieu, car je le louerai encore ! Il est mon salut et mon Dieu » :
« En quoi consiste le remède essentiel ? Comme le psalmiste (Cf. le Psaume 42), nous devons avant tout apprendre à nous prendre en main. Cet homme ne se contente pas de se vautrer et de se lamenter sur son sort. Il réagit et se prend en main. Mieux encore, il s'adresse à lui-même : « Pourquoi t'abats-tu, mon âme, et gémis-tu au-dedans de moi ? »
[...] Nous devons parler à notre âme, au lieu de la laisser s'adresser à nous ! [...]
Réfléchissons aux pensées qui nous assaillent le matin au réveil. Nous n'avons rien fait pour les susciter mais elles commencent à s'adresser à nous, à nous rappeler les problème de la veille etc. Quelqu'un nous parle, c'est notre « moi ». Très souvent, la tristesse nous envahit pour une raison essentielle : nous nous écoutons au lieu de nous parler. Revenons au modèle du psalmiste. Il s'interpelle au lieu de s'écouter. « Pourquoi t'abats-tu, mon âme ? », demande-t-il : « Mon âme, écoute un instant, je veux te parler. »
Le secret de la vie spirituelle consiste à savoir se prendre en main : comment se parler, s’exhorter et s’interroger. Il nous faut dire à notre âme : « Pourquoi es-tu abattue ? D’où viennent tous ces gémissements ? ». Au lieu de nous morfondre dans la dépression, nous devons affronter ce « moi », le réprimander, le condamner et l’exhorter : « Espère en Dieu ! ».
Souvenons-nous alors de Dieu, de son caractère, de ses promesses, de ses oeuvres présentes et passées. Puis concluons sur cet élan puissant : relevons le défi - devant nous-même, devant Satan et devant le monde entier. Comme le Psalmiste, déclarons : « Je te louerai encore ; il est mon salut et mon Dieu ! ».
Quel modèle nous est laissé par le psalmiste dans ce magnifique Psaume 42 !
Ma prière est que ce qu'on va découvrir dans cette série puisse nous faire grandir dans notre relation avec Dieu et nous libérer de ce lourd poids qui peut sembler peser sur nos épaules, afin d’obtenir une joie nouvelle à la suite du Christ !
(1) p. 20 ; Lloyd-Jones, M. D. (2016, mars). La dépression spirituelle : Ses causes et ses remèdes. Europresse.
(2) p. 16-17 ; Lloyd-Jones, M. D. (2016, mars). La dépression spirituelle : Ses causes et ses remèdes. Europresse.