Une Église qui dérape

Il n’y a rien de plus important comme institution, comme organisme, comme communauté structurante et agissante sur terre que l’Église chrétienne ! C’est la maison de Dieu, la colonne et l’appui de la vérité (1 Tim 3.15), le corps mystique de Jésus-Christ (1 Co 12.27 ; Col 1.24), le temple du Saint-Esprit (1 Co 3.16). Et chacune de nos églises est une expression locale de cette grande institution. MAIS attention, il en faudrait peu pour qu’elle dérape !

Le texte de Juges 9 raconte l’hisoire d’Abimélek (fils du juge Gédéon), un Israélite qui va causer de gros problèmes au peuple d’Israël. Abimélek a soif de pouvoir, il écrase ses rivaux et accède au trône par la manipulation et la violence ; les Israélites reçoivent un avertissement prophétique par rapport au danger extrême auquel ils s’exposent en suivant un tel conducteur, mais ils s’en fichent ; après quelque temps, des gens aussi bêtes et méchants qu’Abimélek vont se soulever contre lui, ce qui va provoquer une véritable guerre civile ; mais surtout, ça va provoquer la fureur d’Abimélek qui va tout détruire sur son passage ; heureusement, à la fin, c’est Dieu qui intervient pour détruire celui qui cause du tort à son peuple. Ce texte est pertinent pour nous aujourd’hui car il avertit les communautés chrétiennes du grand danger de perdre de vue qui on est et ce pour quoi on existe. En regardant soi-même, en choisissant de mauvais conducteurs, on risque de déraper et d’être détruits. Maintenons une vision de l’Église qui soit centrée sur Dieu et sur son projet plutôt que sur nous-mêmes, sans quoi on pourrait courir à la catastrophe !

1. Gare à l’ambition (Juges 9. 1-6)

La communauté des croyants peut être le lieu de terribles luttes pour le pouvoir. Gare à l’ambition (au sens péjoratif du terme) qui peut nous faire désirer des choses qu’on ne devrait pas désirer, et nous faire agir d’une manière dont on ne devrait pas agir ! Abimélek (qui signifie « Mon père est roi » : Gédéon son père, était déjà ambitieux en le nommant ainsi, alors qu’il avait dit ne pas vouloir régner…) estime qu’il a le droit à la succession au trône de son père. Il manipule son clan, lève des fonds, recrute des militants, élimine ses concurrents (ses frères) sauf  un qui s’échappe (Yotam, qui signifie « L’Eternel est parfait »). Abimélek se fait introniser à l’endroit où le peuple avait juré qu’il servirait toujours l’Éternel (Jos 24). Cet événement est grave et symbolique : on a l’image d’un homme assoiffé de pouvoir avec du sang sur les mains qui agit contre les voies de Dieu par pure ambition personnelle — et tout ça dans un endroit « sacré » qui devrait évoquer la fidélité à Dieu ! Surveillons avec soin nos cœurs qui par nature sont assoiffés de pouvoir et d’ambition, même dans l’église !

2. Gare à la naïveté (Juges 9. 7-21)

La communauté des croyants peut laisser le champ libre aux fortes personnalités par manque de vigilance. Gare à la naïveté ! L’auteur met en évidence la passivité et le manque de discernement des Israélites devant Abimélek qui leur promet la lune. Yotam adresse un discours (parabole du buisson d’épines) aux Israélites qui ont soutenu l’intronisation de son frère pour leur montrer que les opportunistes profitent de la passivité des autres pour régner et révèlent ensuite leur vraie nature : quelle souffrance en conséquence !

Nous aussi, usons de discernement et de vigilance : « N’impose les mains à personne avec précipitation. » (1 Tim 5.22).

3. Gare à la zizanie (Juges 9. 22-33)

La communauté des croyants peut tomber dans les divisions et dans les conflits quand les cœurs ne sont pas droits devant Dieu. Après qu’Abimélek accéda au pouvoir, Dieu envoya un esprit de discorde (Juges 9.23) pour juger Abimélek mais aussi le peuple (2 camps pécheurs) par l’intermédiaire de Gaal (fils d’Ebed Juges 9.26), un fêtard qui sème la zizanie parmi le peuple. Gare aux discordes et aux divisions qui arrivent quand notre cœur ne s’attache pas à Dieu et perd de vue notre place dans Son projet. 

4. Gare à la colère (Juges 9. 34-49)

La communauté des croyants peut être sujette à des conflits si violents qu’elle s’auto-détruit. Abimélek, furieux, rassemble ses troupes pour faire la guerre à Gaal qui a osé l’insulter (Juges 9.34-38), l’écraser et le chasser de Sichem (Juges 9.39-41). Mais cela ne suffit pas à le calmer et il va assiéger dans sa ville natale, exterminer le peuple (qui l’avait voulu roi) et répandre du sel en signe de stérilisation (malédiction rituelle). Il finit par mettre le feu dans une cave où certains s’étaient réfugiés. On a une situation très contrastée entre la terre promise par Dieu pour que son peuple y prospère, y rayonne, vive en paix et témoigne de la relation d’alliance avec son Dieu, et la situation terrible dans laquelle Abimélek (anti-juge, anti-libérateur) fait la guerre à Israël. Gare à la colère qui nous aveugle et qui nous détruit de l’intérieur sans qu’on en mesure les terribles dégâts.

5. Gare à la malédiction (Juges 9. 50-57)

La communauté des croyants peut être infidèle mais Dieu reste fidèle à son alliance et ses promesses. Pris dans une spirale de colère, Abimélek  veut aussi exterminer la ville voisine Tébets, mais une femme lui fracasse le crâne avec un morceau de meule jeté depuis le haut de la citadelle. Quelle honte, il demande à son porteur d’armes de l’achever. Quelle ironie ! 

On voit l’humiliation, le jugement ou la malédiction de Dieu sur Abimélek (a-t-on une allusion à la promesse de Dieu de vaincre le diable par la descendance de la femme qui lui écraserait la tête ?) et sur le peuple ainsi que l’avait prédit Yotam : « L’Eternel est parfait » (Juges 9.57). L’histoire des 2 frères « Mon père est roi » (Abimélek) et «L’Eternel est parfait » (Yotam) nous rappelle que nous devons nous positionner : dans quel camp es-tu ? Confie-toi en Jésus pour être placé sous la bénédiction.

6. Applications

Si on veut finir avec Yotam et pas avec Abimélek : 

> Réalisons qu’il n’y a rien de plus important sur le plan de notre existence que de savoir si notre foi est en Christ.

> Centrons notre attention sur l’Evangile dans notre vie de piété personnelle et dans notre vie d’église. De ce fait, toutes nos susceptibilités devraient être radicalement relativisées (cf « Sacrés désaccords » de James Hutchinson : https://blfstore.com/products/sacres-desaccords) et la naïveté d’une Église sans discernement ni vigilance écartée.  

> Individuellement et en tant qu’Eglise, soyons fidèle à la vocation que Dieu nous a adressés (proclamer l’Evangile au plus grand nombre), pour sa gloire et dans l’intérêt de notre prochain, afin de ne  jamais agir par ambition personnelle.

Il n’y a rien de plus important comme institution sur terre, que l’Église chrétienne, et on devrait en prendre soin comme si l’avenir du monde en dépendait !

D’après une série de prédications d’Alexandre SARRAN : https://www.egliselyongerland.org/blog/post/4486

Auteur invité
et
Jeanne.G

Nous avons régulièrement des auteurs invités qui écrivent des articles pour le blog de la Réb'.

Tags de l'article:
Centralité de l'Évangile
culte personnel
malheur problème
péché
Les derniers commentaires
Aucun commentaire pour le moment. Laissez-en un avec le formulaire ci-dessous !
Envoyer un commentaire
Merci ! Nous avons bien reçu votre commentaire. Celui-ci sera publié sous peu, le temps d'être vérifié par notre équipe.
Mince, ça ne s'est pas passé comme prévu.
Table des matières