Personne n’a envie de souffrir
Il est évident que ni le disciple de Christ, ni celui qui est loin de Dieu ne désire la souffrance. Il est évident que l'homme ne désire ni éprouver la souffrance, ni considérer sa douleur comme un bénéfice. La souffrance fait souffrir; la souffrance est par essence désagréable.
Un petit enfant souffrira s'il met sa main dans le feu, et la douleur le forcera à retirer sa main des flammes. Le souvenir de cette douleur le convaincra de ne pas reproduire cette expérience. Des mécanismes similaires existent pour la douleur psychologique : celui qui a vivement souffert d'une déception amoureuse peut par exemple éprouver à l'avenir de la méfiance à l'égard d'une potentielle nouvelle relation amoureuse, afin d'éviter de ressentir de nouveau cette douleur.
La souffrance, qu'elle soit physique, psychologique ou spirituelle, n'est ni souhaitée, ni souhaitable. Mais elle est toutefois inévitable du fait de la déchéance de notre monde et de notre être. À cause du péché, la souffrance est devenue inhérente à l'existence. Qui dans ce monde n'a point connu la souffrance dans sa vie ?
Mais, malgré tout cela, nous pouvons, par la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ, envisager la souffrance comme un bien. Mais non pas comme un bien qui serait souhaitable et désirable, mais plutôt comme quelque chose dont on peut se réjouir.
Se souvenir des souffrances de Jésus
Se réjouir de la souffrance. Cela semble bizarre, mais c’est bien ce que nous faisons, nous tous qui sommes chrétiens. Nous nous réjouissons de tout notre cœur des souffrances qu'a endurées notre Seigneur Jésus pour notre salut, bien que nous ne désirions pas et que nous ne prenions pas plaisir à sa souffrance.
Jésus a vécu de telles souffrances: la mort violente de la croix, les coups de fouet, les crachats, l'humiliation, le reniement de la part de ses propres amis et, souffrance parmi les souffrances, la malédiction de Dieu qu’il subit pour les hommes pécheurs. Les souffrances du Messie furent les plus abominables et les moins désirables qu'un homme puisse connaître. C'est avec effroi et dégoût que nous contemplons ce spectacle terrible auquel s'est livré volontairement le Fils de Dieu. Nous compatissons et nous avons mal en voyant le fardeau de notre Frère et Ami, Jésus. Nous savons que la souffrance qu'il a endurée n'est désirable pour aucun homme.
Pourtant, sans que cela n'altère la conscience terrible de cette violence, nous nous réjouissons d'une grande joie à cause de ces souffrances. Nous pleurons, de compassion certes, mais de joie et de bonheur car à la Croix se trouve la manifestation de l'Amour, de la Sainteté, de la Grâce et de la Justice de Dieu.
Nous savons que les souffrances du Christ sont un mal, mais un mal dont Dieu s'est glorifié, et qu'il a présenté comme le cadeau suprême offert à l'Humanité.
Nous en avons conscience, car cela touche à notre salut et à notre réconciliation avec notre Créateur, et en ce qui concerne notre Sauveur, du bonheur et des joies indicibles qui se trouvent dans ses effroyables souffrances.
Et nous, qui sommes ses disciples ?
Vivre sa souffrance en regardant à Jésus
L'apôtre Paul exhortait les Corinthiens à l'unité dans sa première épitre, eux qui se déchiraient pour savoir quel enseignant était le meilleur. L'apôtre dénonce, dans son épître, les procès qui ont lieu entre chrétiens, les conflits au sein de l'Eglise, en précisant que cela est un défaut, alors qu'il serait préférable qu'ils souffrent quelque persécution (1 Corinthiens 6:7) L'apôtre est conscient de ce que de telles souffrances seraient injustes et vivement douloureuses; il ne présente pas la souffrance et la persécution comme un bien absolu que les Corinthiens devaient rechercher par pur masochisme, mais comme un signe de bonne santé spirituelle de l'Eglise, et comme un fardeau qu'ils devraient légitimement subir á cause de leur attachement á Christ et de leur piété dans le Seigneur.
Ces paroles sont pleinement en accord avec ce que Jésus enseigne aux foules dans le sermon sur la montagne.
"Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice,
car le royaume des cieux est à eux !
Heureux serez vous lorsqu'on vous
outragera, qu'on vous persécutera et qu'on
dira faussement de vous toute sorte de mal, á
à cause de moi. Réjouissez vous et soyez dans
l'allégresse, car votre récompense sera
grande dans les cieux, car c'est ainsi qu'on
a persécuté les prophètes qui ont été avant
vous" (Matthieu 5:10-12)
Encore une fois, il ne s'agit pas de désirer souffrir par pur masochisme ou par orgueil religieux, mais Jésus souligne l'étonnant état d'esprit joyeux de ceux qui souffrent à cause de lui. Il ne s'agit pas de considérer la persécution comme un bien : s'il est possible pour un chrétien de l'éviter et de demeurer en paix avec ses contemporains, qu'il le fasse; mais s'il souffre pour Jésus, ce n'est ni une malédiction, ni un mépris de Dieu à son égard, mais c'est une grande grâce qui portera de bons fruits.
Article extérieur écrit par Aymeric B.